Connaissez-vous Gever Tulley ? C’est un américain qui a eu une idée formidable : il a créé la « Tinkering School ». En français, ça donne « l’école du bricolage ». C’est une école d’été, sous forme de camp, ou d’activités péri-scolaire, où les enfants et les jeunes apprennent à fabriquer tout ce qu’ils imaginent avec plein d’outils qu’on qualifie généralement de dangereux (du matériel électrique, des outils, des perceuses, des couteaux, du feu, du matériel de soudure…). J’ai eu envie de vous relayer 5 choses dangereuses qu’il aborde dans une conférence TED (que vous pouvez visionner en anglais ici).

 

POURQUOI DEVRIEZ-VOUS LAISSER VOS ENFANTS FAIRE DES CHOSES DANGEREUSES ?

Gever Tulley en a eu marre des consignes de sécurité à outrance, des mises en garde, et de la peur de se blesser transmises aux enfants dès leur plus jeune âge. Et pour tout vous dire, si j’écris cet article aujourd’hui, c’est que je suis d’accord avec lui 🙂 Quand j’étais enfant (j’entends par là, bien avant d’avoir 10 ans), je grimpais très haut dans les arbres, je jardinais avec des pioches et des pelles, je « jouais » avec le feu (ou des bougies), je manipulais des couteaux… Quand j’étais enfant, on n’achetait pas de trucs en mousse pour arrondir les angles d’une table pour éviter que les petits se blessent… On n’avait pas non plus de cache-prise. En fait, aujourd’hui, comme le Gever Tulley, « tandis que les limites des zones de sécurité que nous fixons rapetissent de plus en plus, nous privons nos enfants de belles opportunités pour apprendre à interagie avec le monde qui les entoures. »

Alors à quoi ça sert de laisser les enfants faire des choses dangereuses ?  

  1. Plus les règles de sécurité sont étouffantes, et plus l’enfant risque de se blesser : parce que la vie ce n’est pas que du tout lisse et on rencontre forcément à un moment donné du piquant ou du pointu… Et plutôt que de l’empêcher de faire des choses « dangereuses », on devrait expliquer à l’enfant comment manipuler les choses dangereuses, et le laisser les apprivoiser pour qu’il ne se fasse pas mal.
  2. Un enfant trouve toujours un moyen de faire des expériences nouvelles, et donc des choses dangereuses : parce que c’est le propre de l’enfant, il aime découvrir, explorer, et n’est pas toujours conscient des dangers qu’il court durant ses aventures et ses explorations. Il vaut donc mieux l’accompagner dans leur créativité, tout en les rendant capables de prendre en main leur environnement, de manière sécuritaire. Surtout, qu’un enfant qui n’a pas le droit, trouvera un moyen de le faire « en cachette »… et là, les dangers sont bien plus grands.
  3. Les petits bobos sont inévitables : un enfant qui est libre se fera des bleus, aura des cloques ou des petites brûlures, et aura souvent des écorchures. Mais ce n’est pas grave. Ça fait partie de l’aventure, et surtout, de la vie ! On ne peut pas empêcher à ses enfants de se faire des petits bobos, ni même de souffrir émotionnellement… on peut juste leur montrer comment en éviter certains, et surtout les accompagner dans la gestion de la douleur ou de la peine. C’est comme ça qu’on grandit, et qu’on est heureux. Mes cicatrices sur les genoux sont les marques de mes nombreuses chutes à vélo ou en courant étant enfant… mais quand je les vois, je ne pense qu’aux merveilleux souvenir d’une enfance heureuse et joyeuse.
  4. Un enfant qui a appris à manipuler les choses dangereuses, est très responsable et développe une grande conscience de lui-même et de ce qui l’entoure : parce que le but, ce n’est pas de lâcher l’enfant dans une fausse aux lions, où les dangers rôdent de toute part. Non, le but, c’est de l’accompagner pour qu’il soit habile dans ses manipulations, qu’il soit prudent dans ses découvertes, et responsable dans ses activités.
  5. Faire des choses dangereuses, c’est cool : l’enfant sait que ses parents ont confiance en lui, et cela développe sa propre confiance en lui. Et si en plus ça permet de créer des choses extraordinaires, ou de vivre des expériences extraordinaires, alors vous aurez un enfant heureux 🙂

 

Bien avant de visionner la conférence de Gever Tulley, on avait laissé notre fille toucher le four encore chaud (mais pas trop) pour qu’elle comprenne physiquement ce que ça veut dire « ne touche pas, c’est trop chaud ». Et même si elle ne savait pas encore marcher, elle est devenue très prudente dans la cuisine. Et quand on lui a dit que si elle mettait les doigts dans une prise ça ferait beaucoup plus mal que le four, elle a compris, et on n’a jamais eu besoin de cache-prise.

Gever Tulley a ainsi répertorié 50 activités dangereuses que tous les parents devraient laisser faire à leurs enfants. Il en a fait un livre que l’on ne trouve (malheureusement) qu’en Anglais : « 50 dangerous things you should let your children do ». Mais en plus du camp d’été qu’il a créé, il a aussi créé des kits de bricolage que l’on peut commander (Tinkering Labs), et qui permettent aux enfants de créer de véritables machines, sorties directement de leur imagination. C’est un super investissement que je vous conseille 🙂 Mais pour démarrer, voici 5 choses dangereuses que votre enfant devrait pouvoir faire :

 

Crédit photo : http://www.tinkeringschool.com

 

DANGER N°1 : JOUER AVEC LE FEU

En jouant avec le feu, l’enfant apprend à contrôler l’une des forces élémentaires de la nature : il apprend la combustion, la prise d’air, l’échappement. En jouant avec un feu, on apprend des choses que l’on ne peut pas apprendre dans des cahiers ou avec des jouets. Surtout que le feu a un pouvoir fascinant. Et qu’on le veuille ou non, l’enfant sera attiré. On peut laisser un enfant jouer avec des bougies (allumer, éteindre, rallumer, faire couler la cire, jouer avec la cire). On peut laisser l’enfant jouer avec un briquet et une feuille de papier (faire évoluer la flamme sur la feuille, la voire devenir des cendres…). On peut enfin laisser l’enfant jouer avec un feu de camp : allumer le feu, l’entretenir, l’éteindre… D’après Gever Tulley « vous pouvez considérer le feu de camp comme un laboratoire. Vous ne savez pas à l’avance ce qu’ils en apprendront. Laissez-les s’amuser avec leurs propres règles et croyez-moi, ils vont apprendre ».

 

DANGER N°2 : AVOIR UN COUTEAU SUISSE

« Votre premier couteau suisse, c’est un peu votre premier outil universel. Vous savez, c’est une cuiller, c’est un ouvre-boîte, c’est un tournevis et oui, c’est une lame. C’est un outil puissant et responsabilisant. » Même les enfants en bas âge peuvent très bien manipuler un couteau coupant et tranchant : c’est le cas des petits inuits qui tranchent de la graisse de baleine, c’est le cas de certaines ethnies africaines ou amazoniennes où les enfants fabriquent leurs outils et leurs jeux en sculptant dans le bois… Et c’est aussi le cas de ma fille, 4 ans, qui coup les fruits et les légumes en morceaux pour m’aider à préparer le repas, depuis qu’elle a environ 3 ans. Peut-être même que si j’avais testé avant, elle aurait su plus tôt 🙂

D’après Gever Tulley, voici 3 règles toutes simples pour manipuler un couteau en sécurité : « toujours couper vers l’extérieur, garder la lame aiguisée, ne jamais forcer. Les enfants comprennent ces règles et les appliquent. » Alors bien sûr, le risque 0 n’existe JAMAIS et l’enfant peut se couper. Moi aussi je me coupe. Mais ça guérit vite 🙂

 

DANGER N°3 : LANCER DES OBJETS

Voici ce qu’en dit Gever Tulley : « Il s’avère que nos cerveaux sont programmés pour jeter des objets, et comme les muscles, si vous n’utilisez pas certaines partie de votre cerveau, celles-ci ont tendance à s’atrophier. Mais lorsque vous les entraînez, chaque muscle renforce le système tout entier et c’est aussi valable pour votre cerveau ». Ainsi donc, lancer des objets (javelot, balle, frisbee) permet d’améliorer la visualisation, la compréhension de l’espace, la capacité à anticiper, et développe l’attention et la concentration. Alors lançons ! 🙂

 

DANGER N°4 : DÉMONTER DES APPAREILS MÉNAGERS

A l’intérieur des appareils ménagers, il y a des univers entiers à explorer. Alors bien sûr, ici on démonte les appareils qui ne fonctionnent plus. Au lieu de les emmener directement à la déchetterie, on peut les ouvrir, chercher à quoi servent les différents éléments, quelles sont leurs fonctions… c’est ainsi qu’on apprend à comprendre les mécanismes. On peut aussi réutiliser certaines pièces pour les utiliser autrement et créer quelque chose de nouveau avec.

 

DANGER N°5 : CONDUIRE AVEC VOTRE ENFANT

Gever Tulley insiste beaucoup sur le fait qu’au-delà des règles de sécurité, il existe des lois. Il est important que les enfants comprennent que certaines lois sont violées par inadvertance, et que la loi est sujette à interprétation. En ce qui concerne la voiture : on est d’accord sur le fait que légalement, seules les personnes ayant leurs permis de conduire, peuvent conduire. Mais pour l’enfant, conduire une voiture c’est avoir accès au monde des grands. Alors comme le dit Gever Tulley « trouvez un grand terrain vague, vérifier qu’il n’y a rien ni personne et que c’est une propriété privée, et laissez-les conduire. Il n’y a vraiment pas de danger. Et c’est rigolo pour toute la famille« . Personnellement, j’ai de supers souvenirs de moi (5 ou 6 ans), sur les genoux de mon père. Il appuyait sur les pédales, et je dirigeais le volant. L’extase 🙂

 

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