« Ma préoccupation envers les enfants est la suivante: comment amener un enfant de 8 ans à diriger un groupe? » Merci à la personne qui a m’a posée cette question. Je pense qu’un article est plus approprié qu’un mail pour répondre à cette question 🙂 Alors si vous avez envie d’accompagner un enfant dans le leadership, cet article est fait pour vous ! Et si vous avez envie de trouver des idées pour vous-même en tant qu’adulte, cet article est aussi pour vous 🙂

 

Pourquoi faut-il diriger un groupe ?

A partir du moment où plusieurs personnes se regroupent, que ce soit pour une activité, un projet, ou simplement pour se retrouver, il y a une organisation qui se met naturellement en place. Plus le groupe est grand et plus il y aura besoin de cohésion. Il y a alors deux solutions :

  • une personne est clairement désignée pour leader le groupe : chacun connait le rôle de l’autre et chacun prend sa place
  • ou alors, une personne prend le leadership du groupe par sa capacité à organiser les choses et à fédérer naturellement et grâce à son charisme naturel : c’est une sorte d’auto-proclamation qui n’est pas reconnue officiellement et qui peut engendrer des conflits

Quoi qu’il en soit, il y a toujours un ou plusieurs meneur(s) et des suiveurs. C’est comme ça que ça fonctionne.

 

Qui pour diriger un groupe ?

Qu’est-ce qui fait qu’une personne ou qu’une collégialité (le leadership est alors donné à plusieurs personnes) a les capacités et le crédit pour diriger un groupe ? Je pense qu’il faut plusieurs caractéristiques :

  • être capable de se remettre en question : le leader n’est pas un dictateur, c’est quelqu’un qui écoute les autres et qui montre le bon exemple, en reconnaissant ses erreurs, en demandant pardon si nécessaire et en aimant les autres
  • avoir une vision globale : il a la capacité de voir les choses dans leur ensemble et de voir à long terme pour prendre les bonnes décisions
  • pouvoir discerner les talents de chacun : le leader n’est pas celui qui fait mieux que les autres, ou qui est plus doué. C’est celui qui a la capacité de faire combiner les forces et les talents de tous, pour le but commun du groupe.
  • trancher : le leader a besoin d’avoir l’avis de tous, mais en cas de désaccord, c’est lui qui doit trancher. Pas en fonction de ce qui l’arrange, mais du meilleur pour le groupe. Et les autres suivent sa décision finale parce qu’ils savent qu’il a servi l’intérêt général et non le sien personnellement.

Ces caractéristiques sont importantes à expliquer à un groupe, pour que celui-ci reconnaisse et accepte le rôle du ou des leaders.

Maintenant qu’on sait ce qu’est un bon leader, comment le devenir ? Et surtout : est-ce que tout le monde peut avoir ce rôle ?

amener un enfant à diriger un groupe 2

 

Un enfant peut-il diriger un groupe ?

Bien sûr que oui ! C’est un apprentissage comme un autre, et les enfants ont besoin de comprendre le rôle de celui qui dirige, ainsi que le rôle de celui qui suit. Cela permet de mieux développer son intelligence inter-personnelle, de mieux communiquer, et de mieux comprendre les rouages du travail en groupe.

Ce qu’il ne faut surtout pas faire :

  • nommer un enfant pour « surveiller » ses camarades de classe pendant l’absence du professeur : c’est un poids pour l’enfant désigné qui est mis en mauvaise posture face à ses camarades. Pour avoir été celle à qui on disait « je reviens dans 5mn, Anne-Estelle tu surveilles la classe », je vous assure que c’est horrible. Si on dit « chuuut » quand il y a trop de bruit, on est pris pour la chef qui s’y croit vraiment ; si on ne dit rien c’est le chaos ; et ensuite c’est la pression quand l’instituteur revient parce qu’il faut lui rendre des comptes mais que les élèves comptent bien sur toi pour ne rien dire… Vous voyez, ça encourage à la délation d’un côté, et au chantage de l’autre
  • nommer toujours la même personne en tant que responsable de groupe : tous les enfants doivent pouvoir essayer les deux rôles, pour mieux en comprendre les mécanismes. Et même si certaines personnes sont clairement plus à l’aise dans le rôle de leader, les autres ont besoin d’être encouragés aussi dans ce rôle. Parce qu’un monde juste c’est un monde où chacun peut choisir s’il veut être leader ou suiveur. Et on est tous l’un ou l’autre en fonction des situations et des relations du quotidien.
  • définir un leader et laisser les enfants se débrouiller : un enfant, peu importe son âge, a besoin d’un soutien pour l’accompagner dans son rôle de leader. Et les autres enfants du groupe ont besoin d’un regard extérieur et neutre pour accepter le leader et le fait que le leader puisse faire des erreurs… car ils savent que les erreurs seront corrigées par le dialogue et le médiateur en cas de besoin.

 

Comment amener un enfant à diriger un groupe ?

Une fois que le groupe sait à quoi sert le leader. Une fois que le leader connait ses fonctions et que les limites de ses fonctions ont été définies. Une fois que chacun sait qu’il peut parler, donner son avis et que tout le monde est prêt à se remettre en question. Place à la mise en pratique. Voici des idées pour accompagner les enfants dans cela :

  1. Introduire le leadership grâce à des jeux : Seul l’enfant désigné pour diriger le groupe connaît la règle du jeu. Il doit l’expliquer aux autres, mettre en place le jeu, et faire en sorte que celui-ci se déroule de la meilleure manière possible. Vous pouvez piocher des idées de jeux à faire dans cette liste de 100 jeux pour animer un groupe.
  2. Définir un seul objectif : L’enfant responsable du groupe va donner l’objectif pour le groupe (un problème auquel il faut apporter une réponse, un projet, une étude…). Il va ensuite devoir faire en sorte que chacun donne son avis, et que le groupe définisse ensemble les étapes pour atteindre cet objectif. Ensuite, il veille à ce que tout le monde s’investisse de la bonne façon, trouve son rôle pour concrétiser les étapes.
  3. Assurer un débriefing : C’est une étape que l’on peut isoler ou que l’on peut faire à la suite de l’étape précédente. Le leader va permettre à chacun de donner son ressenti sur ce qu’il s’est passé. Il va faire un tableau en 3 colonnes : Ce qui était positif / Ce qui était négatif / Les axes d’amélioration.
  4. Apprendre à connaître son groupe : Le leader veut à la fois que son groupe progresse, mais aussi que chacun soit épanoui. Il faut donc trouver des jeux ou des activités qui permettent de mieux se connaître, de mieux comprendre les autres, de les mettre dans d’autres situations pour voir leurs forces et leurs caractères, etc. Le leader doit donc trouver des idées pour cela.
  5. Gérer les conflits : Lors d’un débat, ou simplement quand deux personnes ne sont pas d’accord, il va falloir apprendre à temporiser, à permettre à chacun de donner son avis en respectant l’autre, à permettre la cohésion malgré tout… C’est quelque chose de très délicat, et tout leader n’est pas pour autant un bon médiateur. Il est intéressant de proposer des jeux de rôles dans ce sens, ou alors de faire un exercice pratique en temps réel en cas de désaccord ou de dispute. Le leader peut alors faire selon ce qu’il pense juste, et ensuite, chacun a le droit à la parole : pour dire ce que lui aurait fait à la place du leader / pour dire ce qu’il aurait aimé que le leader fasse pour lui si c’était lui qui avait été en conflit avec un autre. Je vous renvoie à un article que j’ai écrit, sur apprendre à bien communiquer et à gérer les conflits.
  6. Déléguer : Un bon leader n’est pas quelqu’un qui fait tout et qui doit tout vérifier et tout valider. Il s’assure simplement que la « machine » fonctionne. Quand des objectifs sont déterminés, des missions sont soulevées, alors le leader confie un rôle à chacun et délègue à la personne : cela veut dire que le leader distribue les tâches en fonction de qui a envie ou est doué pour les faire ; il n’est pas collant avec les personnes mais il est présent au cas où quelqu’un ait besoin de son aide ; il fait confiance à ses collaborateurs
  7. Respirer : Le rôle de leader n’est pas évident et pas facile, surtout au début : il faut alors apprendre à respirer profondément pour ne pas paniquer, pour se recentrer. On peut aussi se masser les paumes de la main pour déstresser.

Il faudra plusieurs expériences pour que l’enfant se sente pleinement à l’aise et puisse diriger un groupe sans présence d’une personne neutre ou médiatrice. Et cela est encore plus vrai si le rôle de leader tourne d’une personne à l’autre. Ainsi, chacun sait ce que ça fait d’être leader, et chacun sait ce que ça fait que d’être une personne du groupe. Les relations, la communication et les projets avancent d’autant plus vite.

 

Et vous ? Quelles sont vos astuces pour amener un enfant à diriger un groupe ?

 

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