J’ai reçu dans ma boîte mail une jolie infographie réalisée par une entreprise fabriquant et vendant des montres et des bijoux. Cette infographie reprend les éléments importants concernant l’apprentissage de l’heure, en fonction de l’âge et de la classe. L’infographie est vraiment très sympa, vous pouvez la retrouver ici si cela vous intéresse. Du coup, j’ai eu envie de faire un article sur ce sujet.
À quel âge l’enfant doit-il savoir lire l’heure ?
D’un côté, c’est intéressant de connaître les tendances pour savoir comment se situer. De l’autre, je suis toujours (peut-être même de plus en plus) gênée par le fait de vouloir regrouper les enfants dans les compétences qu’ils sont « sensés » acquérir à tel ou tel âge. Dans ma famille, j’ai une jeune demoiselle de 21 ans qui a toujours énormément de mal à lire l’heure. Elle a aussi beaucoup de mal à se situer dans le temps, à anticiper, à réaliser vraiment, physiquement ce que « moins 25 » veut dire. Et de l’autre, il y a Djanaé qui du haut de ses 5 ans, ne sachant pas encore ses tables de multiplications, sait lire l’heure. Vous comprenez donc que ce n’est pas l’âge qui importe.
Après, si vous y tenez vraiment, on va dire que l’apprentissage de l’heure se fait à l’école de manière très progressive entre le CP et le CM2. Grosso modo, un enfant de 10-11 ans est « sensé » savoir lire l’heure de manière efficace. Tout comme il est « sensé » se repérer dans le temps (quel jour, quelle semaine, quel mois, quelle année). Mais pas de panique si ce n’est pas le cas : il n’y a aucune pression, chacun son rythme.
Avant de lire l’heure
Les bases se déroulent bien avant que l’enfant vous demande « comment on lit l’heure ? ». Il faut alors se mettre dans la tête de l’enfant qui ne comprend pas grand chose au temps qui passe, si ce n’est que chaque matin il se lèvre, prend son petit déj’, fait des activités et que le soir il se couche pour la nuit. Voici donc quelques pistes pour aider l’enfant à mieux réaliser ce qui est abstrait :
- Une poutre du temps : pour comprendre exactement, visuellement, que chaque journée fait partie d’un tout (une semaine, un mois, une année).
- Une poutre horaire (ou une horloge en carton) : l’idée, c’est de représenter par une activité manuelle les 24 heures d’une journée. Chez nous, c’est une poutre horaire (qui est avec le calendrier des enfants). On a colorié en bleu foncé les heures de sommeil et il y a une pince à linge que Djanaé peut déplacer en fonction de la journée. Cela fonctionne aussi avec une horloge sur une assiette en carton ou juste dessinée sur du papier cartonné, avec en couleur les parties récurrentes comme la nuit, le petit-déjeuner, la sieste, etc.
- Une minuterie : l’enfant peut voir et appréhender de manière concrète ce que ça veut dire « dans 5 minutes on arrête le jeu », ou « dans 30 minutes le repas est prêt ». Au début son repère sera la sonnerie, mais petit à petit il va s’habituer et réussir à interpréter de lui-même quand on va lui dire « le voyage dure une heure », ou « est-ce que tu penses avoir fini de t’habiller dans 2 minutes ? ».
- Un réveil digital : ça c’est une idée vraiment top quand l’enfant connaît ses chiffres au moins jusqu’à 12 (pour les heures). Ensuite, c’est un super support pour savoir compter jusqu’à 60. Djanaé est restée longtemps à observer les minutes passer. On lui avait acheté un petit réveil (pas pour enfant, vraiment sobre, sans fioritures) quand elle a eu 4 ans, pour qu’elle gagne en autonomie : l’idée c’était qu’avant 8h, si elle était réveillée, elle joue dans sa chambre sans en sortir pour me laisser travailler. Elle a donc appris à voir que quand il était 7h05 il y avait beaucoup de temps avant 8h00 alors qu’à 7h47 elle savait que ça passerait vite. Elle se faisait ses propres simulations et non seulement elle a gagné en autonomie mais ça l’a aidée à apprendre à lire l’heure sur une horloge.
- Enrichir le vocabulaire : très régulièrement, quand vous dites quelle heure il est, montrez l’horloge et dites les différentes options : il est 7 heures du soir ou 19 heures. Il est 8h30 ou 8 heures et demie, etc. Il n’y a pas besoin d’être lourd ou de faire répéter à l’enfant ou quoi que ce soit, juste de penser à le faire, régulièrement, pour que ce soit des mots habituels pour lui qui vont petit à petit prendre leur sens.
Comprendre avant d’apprendre à lire l’heure
Il peut y avoir plusieurs façons. Voici celle qui a répondu aux attentes de Djanaé :
- Le rôle des 3 aiguilles : la petite indique les heures, la grande les minutes, celle qui avance vite les secondes.
- On se concentre d’abord uniquement sur la petite aiguille pour savoir quelle heure il est, si on est bientôt à la nouvelle heure ou pas, etc. Par exemple, s’il est 7h50, on voit que la petite aiguille est entre le 7 et le 8, mais plus proche du 8. Il est donc bientôt 8 heures.
- Ensuite on introduit la grande aiguille : on commence en expliquant que quand elle est sur le 6 il est « 30 » ou « et demie ». Quand c’est intégré, on explique les quarts d’heure : quand la grande aiguille est sur le 3 il est « et quart », quand elle est sur le 9 il est « 45 » ou « moins le quart » (parce que dans un quart d’heure on change d’heure). Une fois que ça c’est assimilé on parle alors de la table de 5 (pour les enfants connaissant déjà leurs tables de multiplications) ou sinon simplement en expliquant que à chaque trait, la grande aiguille passe une minute et que si on compte avec la grande aiguille, on arrive à 60. Il y a 60 minutes dans une heure.
- Enfin, on peut parler du sens inverse avec « moins 20 », ou « moins 10 ». En expliquant qu’on compte à rebours. C’est une notion qui est parfois complexe pour certains.
- Ah oui, la dernière étape, c’est de savoir lire l’heure en chiffres romains parce qu’il y a quand même pas mal d’horloges et de montres qui ont les chiffres romains, mais ça, c’est vraiment pas indispensable. 🙂
Ça ce sont les explications à donner à l’enfant pour qu’il comprenne comment ça fonctionne et à quoi ça sert de lire l’heure.
Apprendre à lire l’heure
Et ensuite ? Et bien on s’entraîne :
- On peut fabriquer une horloge avec des assiettes en carton et demander à l’enfant de tourner les aiguilles pour indiquer l’heure qu’on lui propose d’afficher. Voici un tuto facile ici.
- On peut jouer à trouver des rimes : par exemple « 7 heures et quart madame placard », ou « 8 heures dix madame saucisse ».
- On peut inventer le planning idéal : l’enfant décrit sa journée parfaite, heure par heure.
- On peut dessiner une horloge et ses aiguilles et faire deviner quelle heure il est.
- Demandez régulièrement à votre enfant de vous prévenir quand il est une heure précise (pour la cuisson d’un gâteau par exemple, ou pour partir à un rendez-vous) : c’est concret, l’enfant se sent aussi valorisé.
- Offrez-lui une montre (pas digitale) pour qu’il puisse s’entraîner à tout moment, même en extérieur.
Ce sont quelques pistes, peut-être que vous en avez d’autres ? Si oui, n’hésitez pas à les partager en commentaire 🙂
Souvenez-vous, l’important n’est pas l’âge mais le fait que l’enfant se sente bien dans l’apprentissage, qu’il y trouve une utilité, et qu’il arrive à se situer dans le monde qui l’entoure et dans le temps sans que ce soit source d’angoisse pour lui.