L’effet Pygmalion ou comment notre regard influence la réussite ou l’échec d’un enfant

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Peut-être qu’on vous l’a déjà dit, mais les croyances influencent nos comportements. Ce qu’on croit conditionne notre manière d’être, d’avancer, d’apprendre, de travailler… bref, tout ce qui fait notre vie. Ce qu’on croit nous pousse à nous conformer à cette croyance et à faire que cela devienne notre réalité. Inconsciemment bien sûr. Et ceci n’est pas une croyance, mais un fait, qui a été démontré lors de deux expériences très connues et qui a mis en évidence ce que l’on appelle l’effet Pygmalion. Et si je vous parle de tout cela, vous allez le voir, c’est parce qu’il y a un lien direct avec les apprentissages de nos enfants (sauf que là, on ne parle pas des enfants, mais de nous) 🙂

 

L’effet Pygmalion : 2 expériences

Expérience n°1: les rats et les étudiants

Robert Rosenthal était un psychologue américain. Il était persuadé que nos croyances pouvaient nous permettre de nous dépasser, ou au contraire de nous enfermer. En 1933 il réussit à faire la démonstration de son hypothèse.

Il créa deux groupes de 6 rats chacun, pris totalement au hasard. Il donne le 1er groupe de rats à 6 étudiants, en leur disant que ces rats sont exceptionnels et qu’ils ont été choisis de manière très rigoureuse (ce premier groupe était donc sous l’influence d’une croyance très positive). Rosenthal donne le 2ème groupe de rats à 6 autres étudiants en leur disant que génétiquement parlant, ces rats n’ont rien d’exceptionnel, et qu’il ne faut pas trop attendre de résultats de leur part (ce deuxième groupe était sous l’influence d’une croyance limitante).

La règle était la même pour les deux groupes : les rats devaient parcourir un labyrinthe et trouver la sortie le plus vite possible. Et là, résultat incroyable : alors que les rats étaient tous pareils, ceux du 1er groupe étaient vraiment meilleurs que ceux du deuxième groupe (certains n’avaient même pas quitté la ligné de départ).

 

Expérience n°2 : les enfants à l’école

Leonore Jacobson était directrice d’une école (Oak School), à San Francisco. Rosenthal fait appel à elle pour démontrer les mêmes faits, en remplaçant les rats par des enfants, et les étudiants par des instituteurs. Ils choisissent un quartier pauvre de la ville, délaissé par les politiques et où de nombreuses familles d’immigrés vivent dans des conditions difficiles. Jacobson et Rosenthal se présentent dans ce quartier et font semblant de diriger une étude de Harvard.

Ils font passer un test de QI aux enfants puis donnent les résultats à leurs enseignants, en les trafiquant. Ils choisissent au hasard 20% de ces élèves évalués, et disent à leurs instituteurs qu’ils ont un QI supérieur à la moyenne. À la fin de l’année, puis un an après, ils refont passer les testes à tous ces élèves. Les résultats sont les mêmes que pour l’expérience n°1 : les élèves au faux QI supérieur, ont effectivement augmenté leurs performances aux tests (de 5 à plus de 25 points).

Les explications de l’effet Pygmalion

Qu’il s’agisse des rats, ou des personnes, la seule chose qui était différente entre les deux groupes c’était le regard porté par ceux qui les accompagnaient (le premier groupe d’étudiants dans la première expérience, et les enseignants dans la seconde). Les accompagnants/encadrants avaient tous une fausse croyance, qu’elle soit positive ou négative. Et ces croyances ont eu des effets sur leurs comportements :

  • Ceux qui croyaient que leurs rats ou leurs élèves étaient intelligents ont manifesté de la sympathie, de l’empathie, de l’encouragement, de l’amitié… bref un comportement positif, bienveillant et valorisant. C’est un terreau parfait pour donner envie de se dépasser.
  • Ceux qui croyaient que leurs rats était stupides, ou que leurs élèves étaient moyens ne les ont pas autant entourés d’affection, n’ont pas cru en eux. Les rats et les élèves se sont conformés au cadre restreint imposé par ceux qui les encadraient.

Le regard que nous portons, l’avis que nous en avons, peut élever ou rabaisser : c’est l’effet Pygmalion.

Utilisons l’effet Pygmalion

Maintenant que nous avons compris l’importance de nos croyances, de notre attitude et de nos mots envers les enfants, nous pouvons utiliser l’effet Pygmalion pour les booster. Voici quelques idées :

  1. Si je crois qu’il faut souffrir pour apprendre, j’enferme les enfants dans des apprentissages longs et difficiles. Je commence donc par changer mon regard sur les apprentissages en général : apprendre peut être joyeux, enthousiasmant et fun (c’est pas comme si il y avait pas plein d’idées sur ce blog) 😛
  2. Si je crois qu’un enfant un feignant, je l’enferme dans un comportement. Je valorise donc ses initiatives, ses efforts, et ses réussites.
  3. Si je crois qu’un enfant est soit doué, soit pas doué, je ne lui laisse pas le choix. Or, il n’y a pas de norme, ce n’est pas tout blanc ou tout noir. On peut être doué pour quelque chose et moins pour une autre. Je félicite donc l’enfant dans les domaines où il est doué et je l’encourage pour les autres, en lui proposant des défis réalisables (si besoin je découpe un grand problème en petits problèmes pour qu’il avance pas à pas).
  4. Si je crois « il ou elle ne va jamais y arriver », je grille toutes les chances de l’enfant d’y arriver. Est-ce que je me dis cela quand un enfant apprend à marcher et tombe ? Ou quand un enfant apprend à parler et en met de partout ? Il en est pareil de tous les apprentissages. La réussite immédiate est un mythe (qui a la peau dure). Les blocages, les erreurs, les ajustements… tout cela fait partie du processus d’apprentissage et chaque enfant a son chemin. Je choisis donc d’être positif/ve et je souligne chaque petite victoire qui l’emmène vers l’objectif.
  5. Si je crois qu’il n’y a que les apprentissages scolaires qui comptent, alors j’enferme l’enfant dans une boîte qui correspond à mes critères. « Si je pense que c’est le plus important, alors ça doit l’être pour l’enfant ». Bien sûr, les apprentissages scolaires ont leur importance, mais l’enfant est un être doté de sentiments et de pensées qui lui sont propres. J’apprends à l’accepter tel qu’il est et je valorise ses découvertes et passions dans lesquelles il s’épanouit. Je peux même les utiliser pour l’aider à mieux comprendre et à mieux apprendre certaines notions scolaires qu’il a du mal à intégrer.
  6. Si un enfant dit « je ne sais pas », selon le conseil des auteures du livre « Apprendre autrement avec la pédagogie positive », je peux lui répondre : « Pose la question à ton cerveau et attends qu’il te réponde. S’il te plaît, ne le brusque pas, il n’aime pas ça ». L’enfant apprend qu’il peut réfléchir par lui même, tenter une réponse, et si elle est fausse, ce n’est pas grave du tout. Je le mets en confiance et lui prouve que sa valeur n’est pas dans ses réussites ou ses échecs mais dans qui il est.
  7. Je ne propose qu’une tâche à la fois à l’enfant. En effet, le multitâches demande beaucoup plus d’efforts au cerveau, ce qui favorise sa flexibilité. Et c’est très bien dans certains cas. Mais le problème c’est qu’il n’encourage pas à la persévérance. Et les enfants ont besoin d’apprendre la persévérance et la patience. C’est la vie 🙂
  8. Je privilégie le bien-être de l’enfant. Albert Einstein a dit « l’école devrait toujours avoir pour but de donner à ses élèves une personnalité harmonieuse et pas celui d’en faire des spécialistes ». Je n’oublie pas que derrière chaque travail, chaque note, chaque exercice, il y a un petit être en devenir qui a besoin d’apprendre à avoir confiance en lui, à s’aimer, à être en harmonie avec son entourage, à connaître ses dons et talents, à se sentir en sécurité et aimé. Et ça c’est, à mon sens, une base solide pour mieux apprendre.
  9. J’aime. Inconditionnellement. Plus facile à dire qu’à faire (surtout quand il s’agit d’enfants turbulents ou d’enfants qui nous épuisent), mais tellement important. On l’a vu, même avec des rats, le fait de les aimer (ceux du groupe 1 parce qu’ils étaient soit disant « plus intelligents »), d’avoir de la sympathie pour eux, ils font du coup plus d’efforts et ont envie de se dépasser. Des rats. Alors imaginez avec des enfants…
  10. Je supprime les phrases limitantes de mon vocabulaire, et petit à petit de mes pensées. Et parfois, elles se cachent là où je ne fais même pas attention. En voici 7 exemples que vous pouvez retrouver ici.

 

Aidez-moi à augmenter cette liste d’idées, en partageant les vôtres dans les commentaires. Et utilisons l’effet Pygmalion pour valoriser les enfants 🙂

 

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