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UN CALENDRIER LINÉAIRE INSPIRÉ DE LA POUTRE DU TEMPS DE MARIA MONTESSORI

Ma fille était en train de jouer dans sa chambre avec un ami qui a 2 ans de plus qu’elle. J’entends « on joue à attrape-filles? » suivi du mot « culotte ». N’ayant pas compris la phrase en entier je m’approche discrètement et je trouve le garçon en train d’essayer de baisser la culotte de ma fille. C’est un jeu apparemment courant dans la cour de l’école de cet enfant : une école très réputée et apparemment avec de très bons encadrants. Je vous partage cette petite anecdote qui m’a donnée envie d’écrire sur les jeux auxquels jouent nos enfants : dans la cour de l’école principalement (parce que c’est un monde auquel nous n’avons pas accès), mais pas que.

Alors il y a bien sûr des jeux sains, rigolos, qui défoulent, et qui sont inoffensifs. Je ne parlerai pas d’eux dans cet article, volontairement, pour mettre l’accent sur les jeux dans la cour de l’école (et ailleurs) qui ne sont PAS inoffensifs.

jeux à l'école

 

Les jeux dans la cour de l’école

Dans les jeux que je vais vous décrire, certains se pratiquent seuls (des joueurs isolés) et d’autres en groupe. Les enfants qui les pratiquent peuvent être volontaires ou non. Et souvent, les bourreaux étaient d’abord des victimes.

 

Les jeux d’asphyxie

Ce sont les jeux où les enfants jouent à bloquer leur respiration. Il y a :

  • le jeu du foulard où on s’étrangle le plus longtemps possible avec un foulard
  • le jeu de la tomate où on retient sa respiration le plus longtemps possible et donc on devient tout rouge
  • le jeu de l’aérosol où on respire des solvants (le dissolvant pour enlever le vernis à ongle de maman) ou des aérosols (le désodorisant des toilettes par exemple)
  • les jeux sous l’eau où on maintient la tête de quelqu’un sous l’eau, ou les concours de qui reste le plus longtemps en apnée sous l’eau

Les jeux d’asphyxie sont extrêmement dangereux car lorsqu’on arrête de respirer, le cerveau n’est plus irrigué. Cela va créer des lésions plus ou moins graves qui peuvent laisser de terribles conséquences non réparables, voire même la mort.

 

Les jeux d’attaque

Ici, le but du jeu c’est de violenter les autres. Il y a plusieurs jeux possibles :

  • le bouc émissaire ou le petit pont massacreur : on lance un objet et celui qui ne le rattrape est désigné pour être roué de coups par les autres joueurs
  • le jeu de la canette : une canette est laissée sur le sol et celui ou celle qui la touche (volontairement ou non) se retrouve la victime des joueurs qui se jettent dessus pour le/la frapper
  • les jeux de bousculades : souvent ce sont des jeux très discrets à peine perceptibles par un adulte, des petits chocs, des pichenettes, des bousculades… et si quelqu’un vous dit que ce n’est « rien de bien méchant », inquiétez-vous !
  • les jeux de lancers : la victime reçoit des bouts de craies, des petits cailloux, des bouts de papiers envoyés avec un élastique, et tout autre objet qui peut faire office de projectile

Je ne pense pas qu’il y ait besoin de vous expliquer les traumatismes physiques et psychologiques laissés par une telle violence gratuite.

Attention, cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas jouer à la bagarre ou à se lancer des trucs (au collège on se faisait des batailles de noyaux de jujubes, un petit fruit qu’on trouve en Afrique et qui était un super projectile)… Le problème vient quand le jeu est imposé, que les joueurs ne sont pas tous volontaires, que l’on ne peut rien faire pour l’arrêter, et que le jeu se transforme en lynchage.

 

Les jeux de défis

Ce jeu est un jeu pour tout le monde sauf pour la personne qui doit réaliser le défi qu’on lui a imposé. Ça commence souvent par un « t’es pas cap ». Mais du défi qui permet de se dépasser à du harcèlement, il n’y a qu’un pas. Surtout que les défis sont très souvent dangereux ou humiliants.

 

Les jeux d’impudicité

Le but de ces jeux c’est de forcer une autre personne à dévoiler tout ou partie de son intimité :

  • soulever les jupes des filles
  • baisser la culotte
  • les bisous volés
  • harcèlement sexuel (dans les propos, les attitudes, les gestes)
  • le cyberharcèlement (on poste des photos et/ou vidéos intimes et privées de quelqu’un sur les réseaux sociaux, aux yeux de tous et tout le monde se moque de la personne)

 

jeux école

 

Pourquoi ces jeux ont lieu majoritairement à l’école ?

Tout simplement parce qu’il y a plusieurs conditions réunies :

  • un grand espace où les adultes ont peu de visibilité
  • beaucoup d’enfants, donc plus de chances qu’il y ait de mauvaises idées de jeux et surtout plus de chances de ne pas se faire remarquer
  • peu d’amour, de respect et de bienveillance : on apprend les règles de la vie en société en classe mais dans la cour, c’est souvent la jungle

Heureusement, toutes les écoles ne sont pas un nid à jeux dangereux et humiliants, mais c’est plus propice et cela passe quasiment toujours inaperçu… c’est qu’il y a bien un problème…

 

protéger enfant des jeux dangereux

 

Comment protéger les enfants des jeux qui ne sont pas inoffensifs ?

 

Être informé est un premier grand pas

Ne soyons pas naïfs : mon enfant et votre enfant peuvent à tout moment être bourreau, ou victime.

Les personnalités timides et soumises sont des proies plus faciles, mais d’autres peuvent tout simplement devenir l’objet de jalousie de leurs camarades. Les victimes sont souvent silencieuses. Certains enfants jouent à ces jeux parce qu’ils ignorent les conséquences, par curiosité ; d’autres parce qu’ils recherchent des sensations fortes ; certains parce qu’ils sont à tendance suicidaire (ça existe même chez les très jeunes); et d’autres parce qu’ils n’osent pas s’opposer à la pression du groupe.

Et ne me dites pas que ces expériences forgent le caractère et permettent de mieux affronter la vie ! Je lisais l’autre jour une superbe comparaison : on ne laisse pas un jeune conducteur faire des accidents pour qu’il apprenne à conduire ! Les enfants ont besoin de protection, de sécurité, et de confiance pour bien se développer. Sans ça, ils ne se construisent pas sur de bonnes bases mais sur des blessures, des brèches qui peuvent s’ouvrir à tout moment.

 

La deuxième étape c’est de veiller

Parfois j’emmène ma fille dans un parc qui est juste à côté d’une école maternelle (il n’y a qu’une grille qui sépare le parc de la cour). Et il se trouve qu’une fois, j’ai assisté à une récréation. Et bien autant vous dire que j’étais triste pour les enfants scolarisés dans cette école. Les instits étaient regroupés au centre de la cour et discutaient entre eux. Ils n’avaient aucune possibilité d’avoir un œil sur tous les coins et recoins de la cour, et de toutes façons n’en avaient pas spécialement envie puisqu’ils discutaient (ce que je peux comprendre, personnellement, avec 20 enfants minimum toute la journée, la récrée est aussi salutaire pour les adultes). Mais n’empêche que de là où j’étais, j’ai vu des enfants se battre (et aucun adulte intervenir), un autre en pousser un pour prendre sa place à un jeu, d’autres s’éloigner faire je ne sais quoi dans un coin où je n’avais moi-même aucune visibilité…

Tout ça pour dire que tout est possible dans une cour d’école. Tout est aussi possible dans un parc si on ne garde pas un œil sur les actions des enfants entre eux. Et tout est possible quand les enfants vont jouer chez des amis ou ailleurs. On ne peut pas toujours être présent et tout voir ! Et heureusement ! Ce ne serait pas bon d’avoir ce pouvoir, ce serait étouffant pour les enfants et trop stressant pour nous.

En revanche, on peut :

  • poser des questions à l’enfant et s’intéresser aux jeux et aux activités qu’il fait
  • lui parler en amont des jeux qui ne sont pas drôles, de leurs conséquences et des dangers
  • lui apprendre à dire non, à s’écouter et à avoir une bonne estime de lui-même pour ne pas se sentir mal de ne pas faire comme les autres
  • l’informer des conséquences des réseaux sociaux
  • dépister les signes de mal-être intérieur, de mauvaise estime de soi, et les signes physiques : je vous invite à les découvrir sur le site jeuxdangereux.fr (quels signes à dépister selon les jeux)

 

 

J’espère que cet article ne vous fera pas paniquer mais qu’au contraire, vous serez plus vigilant et ouvert à ce que vit votre enfant en votre absence. Merci pour votre fidélité et votre confiance et n’hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires.

 

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