Il y a quelques semaines, j’ai publié un article que vous avez beaucoup apprécié et partagé au sujet des dispositions spontanées de l’enfant. J’ai reçu à ce propos un mail de Annie, une éducatrice canine, qui me disait qu’on retrouve ces mêmes dispositions chez le chien. Le chien est souvent celui qu’on appelle « le meilleur ami de l’homme ». Mais pour que cela le devienne vraiment, il est important de comprendre comment bien communiquer avec son chien. Et c’est un apprentissages que les enfants aiment en général beaucoup. Alors je laisse la place à Annie du blog clebs.be qui va vous en parler bien mieux que moi.
Présentation
Je m’appelle Annie Cornil. Mon expérience pratique des chiens, outre les deux caniches qui ont partagé ma vie de mes 12 ans à mes 35 ans, commence en 2002 lorsque je suis devenue famille d’accueil pour Dyadis, une association qui éduque et attribue des chiens d’assistance aux personnes handicapées physiques.
En 2009, j’ai suivi une formation d’éducateur, comportementaliste, conseiller canin, complétée par un stage dans un refuge. J’ai découvert lors de cette formation les formidables capacités sociales des chiens, ainsi que les nombreux canaux de communication dont ils disposent. Mon mémoire a d’ailleurs porté sur la communication facilitée par le chien.
J’exerce donc comme comportementaliste depuis 2010 et je donne des cours d’éducation canine à des jeunes en difficulté en collaboration avec un refuge depuis 2012.
Ce que je tiens à vous transmettre, c’est ma passion des chiens et l’immense respect qu’on leur doit pour tous les services rendus à différents niveaux. Aujourd’hui, nos amis les chiens font l’objet de nombreuses recherches, les découvertes sont plus étonnantes les unes que les autres.
Communiquer avec son chien
L’homme, cet animal supérieur à l’intelligence suprêmement développée doit être capable de comprendre et intégrer les techniques de communication du chien, sous peine d’accidents graves, le chien s’expliquant -aussi- par la morsure !
Cependant, le chien a une supériorité sur l’homme : il est extrêmement observateur, il passe d’ailleurs le plus clair de son temps à regarder vivra sa famille humaine. Si bien qu’il est capable de ressentir des émotions dont nous ne sommes même pas conscients ! Ainsi, quand mon chien n’en fait qu’à sa tête, il est fort à parier qu’il ressent une faiblesse dans ma carcasse de leader (énervement, empressement, colère…). Il est aussi capable de percer la cuirasse d’éducation et de politesse que j’ai mis des années à construire pour « accueillir » très mal un individu que je n’apprécie guère mais que je reçois chez moi par courtoisie. J’en conclus donc que quand le courant passe au mieux entre mon chien et moi, je suis en parfait accord avec moi-même.
Dans mon expérience chez Dyadis, association qui attribue des chiens d’aide à des personnes handicapées physiques, il est intéressant de constater que, si théoriquement ce sont les éducateurs professionnels qui « créent les couples », en réalité, c’est souvent le chien qui se choisit son futur conducteur. Je m’explique. Les chiens sont attribués lors de stages résidentiels ou non, mais qui s’étalent sur une semaine. Avant ce stage, chiens et handicapés ne se connaissent pas et il y au moins un chien de plus que le nombre de participants. A ce stade, j’ai envie de dire que les chiens ont déjà un avantage : ils sont formés et connaissent donc tous les ordres et y obéissent. Les personnes handicapées, elles, doivent commencer par étudier un syllabus qui leur explique ce qu’est un chien, quels sont ses besoins et qui reprend une liste des ordres avec leurs significations. Ensuite vient la pratique où tous les participants humains travaillent avec tous les participants canins. Et c’est là que le miracle s’opère : chaque chien travaille le mieux avec celui qu’il s’est choisi comme futur leader !
Le chien communique de différentes manières :
- par des postures très expressives (la queue, les oreilles, les pattes, le hérissement des poils mais aussi la face ont tous leur importance)
- par les odeurs : le chien augment ses capacités sensorielles en activant simultanément ses perceptions olfactives et phéromonales
- par l’aboiement : qui a plusieurs variantes (grognements, grondements, hurlements)
- par d’autres bruits : jappements, gémissements, halètements et autres claquements de dents
Les règles de l’éducation
- Ne commencer une séance d’éducation que si on a le temps, si le chien est détendu et si on est de bonne humeur.
- Un exercice commencé doit se terminer réussi. Au besoin, revoir un ordre assimilé.
- Ne récompenser que si l’exercice est bien réalisé.
- Faire un exercice à la fois et ne passer au suivant que si le précédent est bien acquis.
- Commencer dans un environnement neutre.
- Avec un chiot, être moins exigeant et ne travaille que quelques minutes.
En d’autres mots, comme disait Socrate : « Connais-toi toi-même ». C’est à vous d’observer votre chien afin de savoir s’il est de bonne composition. C’est à vous de vous discipliner pour trouver quelques minutes (au maximum 1/4 d’heure) pendant lesquelles vous serez concentré sur votre chien et la séance d’éducation que vous avez programmée. C’est encore à vous de rester zen et positif : le chien est une éponge, il sait, il sent, mieux que vous, si vous n’êtes pas en position de leader, calme, sûr de soir et bienveillant.
Ne brûlez pas les étapes, notre monde nous pousse toujours à la fuite en avant, au tout tout de suite, prenez le temps, soyez connecté à votre chien et rien qu’à lui. On éduque un chien à la fois, c’est une fois l’ordre acquis que l’on met en pratique dans des situations plus stimulantes.
Surtout, soyez COHÉRENT !! La cohérence dans la communication, qu’elle soit humaine ou interspécifique, signifie que gestes, postures, paroles et intonations doivent dire la même chose. On ne demande pas un « couché » d’une vois énergique, en s’agitant et en levant les bras en l’air.
Et PRÉCIS(E) !! Vous devez visualiser précisément ce qu’un ordre veut dire. Le rappel veut-il dire que le chien revienne vers vous en courant et en vous bousculant emporté par la joie de vous revoir, ou doit-il revenir s’asseoir calmement à votre gauche attendant la remise en laisse ou le « va jouer » libérateur ?
TOUS sur la même longueur d’onde… Toute la famille humaine entourant le chien doit suivre et faire respecter les mêmes règles.
JOUEZ ! C’est par le jeu que l’éducateur moderne enseigne son chien. Le chien garde tout au long de sa vie sa capacité à jouer.
Le chien fait une moitié du chemin : grand observateur, il met toute son énergie, toute sa vie à essayer de comprendre ce qu’on attend de lui, à se façonner selon le modèle que son humain désire obtenir. A nous de parcourir l’autre moitié avec patience, persévérance et amour.
