Ne plus subir ces 2 pressions liées à un choix différent de la majorité

Au sens propre, une pression est une force qui agit sur une surface donnée. Au sens figuré, une pression est « une influence, une action persistante qui tend à contraindre ». Je souhaite vous parler de deux pressions que l’on subit tous de près ou de loin à partir du moment où on décide de se lancer dans un projet différent de la majorité des gens qui nous entourent : nous allons prendre l’exemple de l’instruction à la maison, mais ça fonctionne de la même manière avec un projet de vie en camping car par exemple. Vous avez accès à ce contenu au format vidéo, ou au format texte juste en-dessous.

 

La pression de la « justification »

À partir du moment où on choisit un projet de vie différent de celui que notre entourage connaît, tous les regards pointent vers nous et on se retrouve sous les feux des projecteurs un peu involontairement. S’en suivent alors tout un tas de questions. Mais attention, il y a deux types de discussions et de personnes :

  • Celles et ceux qui sont sur la défensive : la majorité des personnes entre dans cette catégorie. Lorsqu’elles se retrouvent en face de quelqu’un qui fait un choix à l’opposé du leur, il y a une sorte de mécanisme inconscient qui se met en place et qu’on pourrait résumer ainsi : « ce choix différent me renvoie à mes propres choix, je me sens remis en question, je suis donc sur la défensive, et parfois, pour mieux me protéger, j’attaque… » Ces personnes vont donc nous balancer leurs craintes et leurs incompréhensions sous forme de questions toutes faites. Les réponses ne les intéresseront pas vraiment. Sauf que c’est épuisant, pour nous, de répondre à toutes ces questions qui fusent, et d’avoir cette impression qu’on a intérêt à bien argumenter sinon, c’est la catastrophe.
  • Celles et ceux qui s’intéressent vraiment : ce ne sont pas la majorité des personnes de l’entourage, mais elles existent. On le reconnait à leur façon de poser leurs questions, à essayer de comprendre réellement. On les reconnaît aussi à la paix dans l’échange qui n’est pas pesant.

La pression de la justification est épuisante. Parce que personne ne se rend vraiment compte de son importance : ceux qui posent leurs questions sont en mode automatique et ne réalisent pas à quel point ils font peser quelque chose de lourd sur les épaules de la personne en face. Et la personne qui répond à ces questions essaie d’être la plus juste et respectueuse face à son entourage, ressent un malaise, voire même un mal-être, mais n’arrive pas forcément à mettre des mots dessus. Il faut bien comprendre que se justifier n’est pas sain. Échanger, oui. Dans le respect de l’autre. La justification n’est pas un mode respectueux, c’est un mode de communication qui joue sur l’agression d’une part (même si elle est inconsciente) et la défense de l’autre.

Alors comment se protéger face à cette pression de la justification ? Comment faire la différence entre une personne qui veut vraiment échanger, et une autre qui va nous faire rentrer dans un cercle vicieux de justification ? Voici 3 pistes :

  1. Les réponses toutes faites : La majorité des questions sont identiques et reflètent les mêmes craintes. « Est-ce que tu n’as pas peur que ton enfant n’ait pas d’amis ? », « Est-ce que tu as un diplôme pour faire l’école à tes enfants ? », « Jusqu’à quel âge est-ce que tu vas faire ça ? »… Et ça, c’est quand on a la chance d’avoir des questions et non des affirmations comme « Mais l’école est obligatoire ! », ou « Ta fille va se retrouver toute seule, c’est triste ! »… On pourrait alors mettre en place une sorte de FAQ « une foire aux questions » où pour chaque question qui revient, on prépare une réponse toute faite. On entre alors nous aussi en mode automatique… Le risque, avec cette méthode, c’est de devenir cynique et de préparer des réponses un peu cinglantes… Personnellement, je préfère les deux méthodes suivantes.
  2. Fermer la discussion : Quand on commence à se sentir « agressé(e) » on ferme la discussion. Personnellement, aujourd’hui, je n’attends même plus de ressentir une quelconque pression. En général, je fais tout pour clore la discussion dès le début, et seules les personnes vraiment intéressées pour un échange bienveillant et constructif passent au-delà de ça. J’ai une phrase toute simple qui clôt souvent la discussions. Quand on me demande « Pourquoi… » je réponds « Et pourquoi pas ? ». Par exemple : « Pourquoi ta fille ne va pas à l’école ? » – je réponds « Et pourquoi pas ? ». Là, la personne en face se retrouve face à sa propre question, donc face à ses choix à elle, ses appréhensions à elle, sa propre défense à elle. En général, je n’ai pas d’autres questions après. Sauf des personnes qui sont prêtes à se remettre en question avant de me refiler leur pression.
  3. L’effet miroir : J’aime bien aussi cette technique qui consiste à ne pas subir les questions des personnes, mais à les leur renvoyer. Nous, on s’est déjà posés ces questions et on y a trouvé des réponses qui nous ont poussé à faire des choix. Mais la majorité des gens qui nous posent ces questions, ne se les sont jamais posées pour elles-mêmes. L’idée est de leur permettre d’y répondre elles, plutôt que de nous mettre une pression illégitime pour qu’on y réponde nous. Donc, quand on me pose une question, je réponds par une question. Ce qui donne par exemple « Pourquoi vous avez fait le choix de ne pas scolariser Djanaé ? », et ma réponse : « Pourquoi avez-vous fait le choix de scolariser vos enfants ? ». Effet miroir. Certaines personnes se retrouvent gênées, et réalisent que leur question était gênante pour nous. D’autres vont répondre sincèrement et s’ensuit en général un échange très riche et intéressant.
La pression du « résultat »

Cette deuxième pression est beaucoup plus vicieuse, parce qu’elle provient autant de l’extérieur que de nous-mêmes. On n’en a souvent même pas conscience. C’est cette petite voix qui nous dit « tu as fait un choix osé, tu prends des risques, maintenant, tu vas devoir prouver que c’était la bonne décision ». Se prouver à soi-même, mais surtout à ses proches, aux détracteurs, à l’inspecteur académique, etc.

Le problème avec cette pression c’est qu’elle rejaillit directement sur les enfants. Toute la famille se retrouve piégée à devoir prouver par des résultats que c’était la bonne décision. Cette pression est difficile à dépasser. Voici quelques idées :

  1. Lâcher prise : quand on est en phase avec ses valeurs, ses aspirations, c’est le plus important. Et quand les résultats ne sont pas à la hauteur de nos propres exigences ou de celles des autres, on doit apprendre à relativiser et à lâcher prise. Qu’est-ce qui est le plus important ? Que notre enfant soit heureux, épanoui ? Ou qu’il ait de bonnes notes ? Qu’est-ce qu’on est prêt à sacrifier pour le résultat qui nous semble le plus important ? Suis-je prêt(e) à sacrifier mon envie que mon enfant soit le meilleur pour qu’il soit enfin lui-même ? Suis-je prêt(e) à sacrifier sa joie de vivre pour qu’il soit en tête de classe ? Ce sont des questions qu’on doit se poser parce que personne ne pourra y répondre à notre place. Et avant de pouvoir lâcher prise, il faut avoir ces réponses.
  2. Prendre conscience que le chemin est tout aussi important que les résultats : parfois, on traverse beaucoup d’étapes difficiles, de déserts, de montagnes à gravir, d’épreuves. Cela ne veut pas forcément dire qu’on s’est trompé. Si on juge un bambou à ses pousses les premières années, on dira qu’il n’a pas pris. Parce qu’il n’y a pas de tige apparente. Mais tout se forme dans les racines. C’est invisible à l’œil. L’année où le bambou va sortir de terre, il peut prendre 2 mètres en quelques mois. Donc pendant les premières années, il n’y a pas de « résultat » apparent, mais le bambou grandit, vit, s’épanouit. L’absence de résultat visible ne signifie pas que c’est un échec. Le chemin, toutes les transformations en soi, ça c’est important.
  3. Il n’y a aucune obligation de résultat en matière d’instruction à la maison : si un professeur ou un instituteur était embauché ou même payé en fonction du taux de réussite de ses élèves, ce serait non seulement l’hécatombe, mais aussi injuste. Parce que la réussite scolaire ne dépend pas que de la personne qui enseigne ou qui accompagne. Elle dépend de la motivation de l’apprenant, de l’environnement, de ce qu’il vit intérieurement, de sa façon d’apprendre, des moyens à sa disposition, etc.  Donc même si on a des objectifs, parce que vivre avec des objectifs c’est sain, s’ils ne sont pas atteints, ce n’est pas si grave. On a tous droit à une deuxième chance. On devrait tous avoir droit à des centaines, voire des milliers de chances.
  4. Connaître les points forts et les points faibles : pour soi-même et chez ses enfants. On apprend ainsi à relativiser. Si ma fille a de gros soucis en mathématiques, on va l’aider, mais c’est génial parce qu’elle est très à l’aise en langues étrangères et qu’elle peut envisager le monde comme marché du travail. Si mon fils galère en orthographe et en grammaire, on va trouver des méthodes pour l’aider à comprendre, mais c’est super parce qu’en sciences il se régale et invente plein de petits trucs depuis qu’il a compris comment fonctionne l’électricité… Etc. Le monde n’a pas besoin de personnes douées en tout. Il a besoin de personnes passionnées, bien dans leurs baskets, qui sauront trouver leur place et apporter du mieux autour d’elles.

 

La double pression de résultat et de justification, même si elle peut être démarrée et accentuée par les autres, vous êtes la clé pour stopper le cercler vicieux et vous en défaire. Les autres pourront continuer à vous lancer des pics, ceux-ci glisseront ou vous atteindront, en fonction de votre état d’esprit et de comment vous êtes à l’intérieur ! Choisissez la vie sans pression, c’est beaucoup plus simple 🙂

 

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