Il y a quelques jours, j’ai reçu le mail suivant : « Dans le cadre de mes études, j’écris un mémoire sur la place du parent dans l’accompagnement à la scolarité de son enfant. Ayant une expérience antérieure en tant qu’animatrice d’accompagnement à la scolarité (dispositif CLAS), je me suis interrogée sur l’investissement du parent (plusieurs profils : laxiste, très investi, parent ne se sentant pas légitime). Auriez-vous de la documentation ou un savoir à me partager?«
Je me suis dit que ce serait intéressant, en partant de mon vécu et de mes rencontres, de mettre par écrit les différentes sortes de parents face aux apprentissages de leurs enfant.
Le parent impuissant
On retrouve dans cette catégorie, les parents qui ne peuvent pas assurer le suivi des apprentissages de leurs enfants. Dans la majorité des cas, c’est parce que les parents sont étrangers et ne maîtrisent pas la langue donc ne peuvent pas aider leurs enfants. Dans d’autres cas, c’est parce que les parents n’ont pas eu la chance d’apprendre à lire, à écrire ou n’ont qu’un niveau très très faible. Face à ce constat, certains parents décident d’apprendre en même temps que leurs enfants, mais soyons honnêtes, c’est loin d’être la majorité car c’est une implication et un investissement qui demandent énormément de temps et d’humilité… Dans cette catégorie, on retrouve aussi les parents solos qui ont parfois des horaires de travail difficilement compatibles avec les horaires des enfants. Là encore, le sentiment d’impuissance est vraiment très fort pour ces parents qui ne sont pas physiquement présents pour assurer le suivi des apprentissages de leurs enfants.
Le parent démissionnaire
Le parent démissionnaire est celui qui considère que sa mission de parent n’a rien à voir avec les apprentissages. Le parent démissionnaire est souvent le parent qui attend énormément du corps enseignant mais qui n’a pas compris que pour une meilleur efficacité et plus du fun dans les apprentissages, il est nécessaire qu’il y ait une complémentarité entre ce qu’il se passe à la maison et ce qu’il se passe à l’école.
Le parent je-m’en-foutiste
Ce parent là est différent du démissionnaire, parce que le je-m’en-foutiste n’en a que faire des apprentissages en général. Certains parents scolarisent leurs enfants, mais les enfants ne sont présents en classe que 2 jours par semaine. Difficile de poser des bases et d’assurer un suivi dans ces conditions. Le parent je-m’en-foutiste a transmis à ses enfants une sorte de fatalité, ou alors un dédain face aux apprentissages : les enfants n’ont pas appris l’importance des savoirs et des connaissances pour avoir le choix de la vie qu’ils pourront se façonner. Le parent je-m’en-foutiste est un danger pour l’épanouissement de l’enfant.
Le parent « illégitime »
Comme dit dans l’introduction, beaucoup de parents se sentent illégitimes. Ils ne le sont pas, mais c’est un sentiment très fort qui les complexe et les limite. Le parent démissionnaire considère qu’il n’a aucun rôle à jouer dans les apprentissages de son enfant, alors que le parent illégitime aimerait s’investir mais se sent incapable. Le parent se croit illégitime parce qu’il n’a peut-être pas le niveau, parce qu’il n’est pas prof, parce qu’il n’a pas fait d’études, etc. Et pourtant, ce qui est important dans l’accompagnement ce n’est pas le niveau et la compétence, mais l’investissement, le temps, l’amour, l’intérêt. Peu importe les faiblesses, elles s’estompent avec la volonté 🙂
Le parent investi
Je pense que ce devrait être la norme : les enfants ont besoin de leurs parents pour les accompagner dans leurs apprentissages. Les enseignants ont aussi besoin que les parents assurent un suivi à la maison. Les enfants qui ont des parents qui les poussent et les aident à faire leurs devoirs, qui les motivent à réviser, qui donnent leur avis (ont un droit de regard)… ces enfants réussissent mieux à l’école. Le parent investi connaît les horaires des cours de ses enfants, il a rencontré les professeurs, il suit le fil des leçons, il sait les points forts et les faiblesses de ses enfants. Le parent investi cherche à permettre à ses enfants d’être les plus épanouis possibles dans leurs apprentissages. Le parent investi cherche des solutions quand ça se passe mal. Enfin, le parent investi a compris quelle est sa part de responsabilité sans prendre non plus trop de place, parce que l’enfant a aussi sa part de responsabilité, de même que les enseignants. Le parent investi est aussi celui qui va prendre la décision de déscolariser son enfant pour faire l’instruction à la maison quand il voit que c’est salutaire pour son enfant.
Le parent-prof
C’est le parent qui s’investit tellement bien qu’il alterne entre les deux casquettes. C’est un choix qui parfois se passe très bien, mais personnellement, je pense qu’un parent est avant tout un parent. Et même lorsqu’on fait l’instruction à la maison (peu importe la forme), le parent reste d’abord le parent, avec plus ou moins un côté enseignant. Mais certains parents basculent trop du côté prof et c’est perturbant pour les enfants. Parce que tous les profs ne sont pas de bons profs et si un parent se met à être un mauvais prof c’est compliqué autant pour les apprentissages que pour la vie de famille. Attention donc à bien garder l’équilibre lorsqu’on devient parent-prof.
Le parent dictateur
Ce parent a tellement pris son rôle à cœur qu’il va trop loin : il pousse continuellement son enfant à donner le maximum sans forcément tenir compte de son rythme. Il met la barre tellement haute que l’enfant n’a pas le droit à l’erreur. L’enfant subit une pression énorme, et le parent dictateur a tendance à croire que la seule valeur de son enfant est dans les résultats scolaires qu’il ramène. Être investi dans les apprentissages c’est bien, mais les enfants ont aussi besoin de vivre, de jouer, de faire des choses pour eux… Ils ont aussi le droit d’être moins doué dans certains domaines. Le parent dictateur prend un gros risque : dégoûter ses enfants de toute forme d’apprentissage, et qu’il se rebelle un jour, parce que l’autorité est mal employée.
Alors ? Vous vous reconnaissez dans quelle catégorie ? Ou peut-être ai-je oublié la vôtre ? N’hésitez pas à donner votre avis en commentaire.
14 Commentaires. En écrire un nouveau
je ne sais pas trop comment me définir mais je sais ce que je ne suis pas du tout! ni parent-prof, ni parent dictateur ca c’est certain!
je pars tot et rentre tard! du coup mes filles font leur devoir chez leur mamie (instit de primaire à la retraite)! et moi je les récupère chez leur mamie en rentrant du taf! moins de contrainte que de les récuperer énervées de la garderie! va faire faire des devoirs à des enfants fatigués et exités en meme temps! ! quand ma mère s’est proposée de les récuperer et qu’elles fasses leur devoir chez elle! j’ai dit oui de suite!
de plus elle (de par son métier) sais expliquer les chozes! elles sons en cm1 (j’ai des jumelles)! et question math je suis déja larguer! l’ortho et la grammaire ca va moyin ! mais va expliquer à faire des division quand ca fait plus de 30ans qu’on sert d’une calculette pour la moindre addtion!! et si en plus les méthodes de leur maitresse n’est pas la meme que la notre à notre époque! donc démissionnaier pour les math ca c’est sur! pour les autres jme sens illégitime ! je m’interesse à ce quelles font! je regarde leur cahier! elles ont plein de « bien » et des fois meme des tres bien! je les félicite beaucoup ! des fois ya des trucs ratés ben je leur fait pas de commentaire méchant! « des fois on rate, ca arrive de pas comprendre du 1er coup » jamais de culpabilisation ni de mots qui pourrait nuire à leur estime d’elle! et je leur dis que mme si elles se trompent ben je les aimerai toujourr pareile parcque moi aussi des fois ben je fais des erreures ! que mon amour n’est pas lié à leur réussite scolaire! quec’est deux choze diférentes!
Je ne dirai pas que vous êtes démissionnaire, car même si c’est votre maman qui s’occupe principalement des devoirs, vous avez pris cette décision parce que c’était le mieux pour les filles. Donc vous pensez à leurs besoins et vous faites en fonction de vos possibilités 🙂 Et même si vous êtes larguée par certaines leçons, vous prenez le temps de voir où elles en sont et vous faites attention aux mots que vous utilisez pour les encourager et développer leur estime d’elles-mêmes.
Donc selon moi, vous êtes déjà en grande partie un parent investi 🙂
Oui je suis d accord avec oops☺
Je suis plus tôt un parent investi mais j ai mon fils de 9 ans qui d ennuie a l école et je cherches des idées pour le faire travailler differenment….. et compléter ces apprentissages
Merci pour ton travail Anne estelle
Merci Delphine pour ce retour, et la confiance 🙂
Bonjour, moi je pense qu’on peut être chacun des parents présentés, à tour de rôle, et en fonction de la disponibilité du moment. On n’a pas toujours la même énergie et quelquefois, c’est difficile de suivre la demande des enseignants. Pas par manque de compétence, mais parce que la méthode est différente de celle qu’on connaît par exemple, alors on laisse l’enfant se débrouiller seul avec sa méthode apprise en classe, quitte à ce qu’il fasse des erreurs. Et puis tout dépend du système scolaire suivi, des attentes des enseignants, du cursus officiel, de l’âge de l’enfant, de la matière étudiée, de la fatigue, de la disponibilité, de la vie de famille… Bref, on peut porter toutes les casquettes et en changer régulièrement. Bien sûr, il y a des tendances générales, mais pour ma part, j’ai l’impression d’avoir été l’un ou l’autre à différents moments de la vie des mes enfants. Et puis les enfant ne demandent pas tous la même chose en matière d’aide aux devoirs. Alors on peut aussi avoir un comportement différent en fonction de l’enfant.
Merci pour votre partage.
D’un côté je suis d’accord avec vous, et de l’autre, je pense que le parent investi s’adapte justement à chaque enfant. Il va savoir quand prendre du recul et quand prendre plus les choses en mains. Même si on peut parfois se sentir illégitime, ou laisser faire parce que les enfants ont beaucoup d’autonomie. Je pense que l’état d’esprit du parent en fonction des apprentissages peut être comme un fil rouge. Ceci étant dit, on peut avoir été dans une ou une autre catégorie à une certaine période, mais vouloir tendre vers une en particulier et se mettre en action pour cela. Tout est dans l’objectif que l’on cherche 🙂
Il y a aussi le parent chercheur : que l’enfant soit scolarisé ou non, il va chercher des méthodes d’apprentissage différents et/ou qui complètent ceux de l’école. Il va se renseigner sur les différents modes d’apprentissage pour s’adapter à chacun de ses enfants, les techniques pour susciter le plaisir d’apprendre, proposer d’autres voies d’exploration aux petits curieux, tester, se tromper, expérimenter autre chose… Bref, le parent qui en apprend autant que ces enfants, mais dans un autre domaine !
Probablement tous les parents qui atterrissent ici, en fait ! 😉
Ohhh c’est gentil la conclusion de votre message 🙂
Après, instinctivement je plaçais ce parent dans le parent investi. Il s’investit juste différemment selon que les enfants soient scolarisés ou instruits à la maison. Mais le terme de chercheur me plait particulièrement. Merci beaucoup 🙂
J’aime beaucoup l’appellation parent chercheur . Je crois me reconnaître !
Belle journée ! Nathalie
🙂 Il n’y a que ceux qui cherchent qui trouvent 🙂
j’aime beaucoup le terme parents chercheurs, je me reconnais tout à fait … et que c’est agréable d’apprendre!
🙂 quand on a compris qu’apprendre peut être joyeux et plaisant oui, c’est agréable ! 🙂
je crois que je suis plutôt le parent illégitime mais j’aimerais petit à petit me rapprocher du parent investit 😉
La bonne nouvelle c’est que maintenant vous savez que vous êtes légitime 🙂 C’est le début de la confiance en soi !