Je vous ai déjà parlé des « choses dangereuses » que tous les enfants devraient faire. Parce que derrière le mot « dangereux », on projette nos propres craintes, nos propres peurs. Alors qu’avec un bon accompagnement, les enfants sont capables de faire de nombreuses expériences et découvertes en sécurité. Et le feu est un passage obligé. Il fascine autant qu’il fait peur. Il y a quelques jours, Alexis m’a contacté pour me proposer un article inédit sur les dangers du feu. Alexis est auteur et concepteur d’animations enfants. Sa spécialité : les sciences ludiques (il organise des anniversaires science dans toute l’Ile de France). Son approche de chercher les milles et une façon d’apprendre en s’amusant et en s’étonnant entre forcément en résonance avec l’objectif de ce blog. Alors c’est parti, je lui laisse la place.

AVERTISSEMENT : toute expérience indiquée ci-dessous doit se faire uniquement en compagnie d’un adulte –

Le feu est-il le phénomène le plus dangereux sur terre ?

Parfois oui, parfois non… Lorsqu’on sait les effets que peut avoir une tornade ou un tsunami, on voit que la nature peut être notre meilleure alliée comme notre pire ennemie, qu’il s’agisse de l’eau, de l’air, du feu ou de bien d’autres choses.

Les parents alertent toujours leurs enfants sur les dangers du feu et ses risques. Et les enfants écoutent en général. Heureusement, sinon la plupart des maisons seraient en cendre.

Mais on comprend mieux quand on peut expérimenter. Non, pas en essayant de faire partir un logement en fumée, on se rassure. Plutôt avec ce qui suit. Alors faisons un peu mieux connaissance avec le plus mystérieux, le plus fascinant, le plus envoûtant de tous les éléments…

Quel est le point commun entre l’air et le feu ?

Un enfant n’a pas toujours bien conscience des dangers du feu car il lui suffit de souffler pour l’éteindre : le seul feu à qui il a généralement affaire étant celui des bougies ! Là, notre élément est isolé : la cire entourant la mèche empêche toute propagation, sauf si la bougie tombe. C’est pour cela qu’il ne faut jamais laisser une bougie sans surveillance, et toujours posée dans un récipient ininflammable (assiette en verre, bougeoir…).

Quand on possède une cheminée, on sait que pour obtenir un feu plus grand et plus étendu, il faut en fait… utiliser un soufflet amenant de l’air !

Alors quoi ? Deux mêmes expériences pour deux résultats opposés ! Étrange, non ? Sur une bougie, le souffle est tout puissant. La flamme est si petite qu’elle n’y résiste pas, et de toute façon ne peut s’étendre nulle part. Alors que quand les flammes sont plus grandes et peuvent s’étendre, l’air devient l’ami du feu.

alors COMMENT éteindre une flamme ?

Il suffit de la priver d’air.

Expérience : placez n’importe quel récipient en verre transparent au-dessus d’une bougie (au lieu de souffler dessus). Les premières secondes, la bougie a l’air de tenir la grande forme. Puis elle diminue, diminue, jusqu’à s’éteindre. On sait qu’elle est vraiment éteinte dès qu’on voit de la fumée.

Pour varier l’expérience :

  • Tester les différences : mettre un verre plus petit, plus grand, un vase (et observer la différence de durée pour que la flamme s’éteigne)
  • Mettre deux bougies à des hauteurs différentes (exemple : deux bougies plates, dont une surélevée par des Lego). On voit alors que la flamme ne s’éteint pas lorsqu’il n’y a plus du tout d’air dans le verre, mais quand elle ne parvient plus à « attraper » l’air situé trop en hauteur ! Presque personne ne le sait.
  • Laisser la flamme s’éteindre presque totalement, puis retirer le verre d’un coup. Si on le fait au bon moment, la flamme se ravive. En principe, tant qu’on ne voit pas de fumée, il est encore temps de le faire. La réussite ou l’échec de l’exercice se joue à la fraction de seconde près.

Ainsi, le feu a ce point commun avec l’humain : sans oxygène nous mourons, et le feu aussi. Encore que, pour mourir il faut être vivant… peut-on vraiment dire que le feu est vivant ?

L’effet réel du vent sur le feu

Si vous n’avez pas de cheminée, voici deux nouvelles expériences pour s’apercevoir de l’effet réel du vent sur le feu (et voir à quel point le vent est l’un des dangers du feu) :

  1. Enrouler une feuille de papier, afin d’avoir un rouleau le plus serré possible. Enflammer le bout, puis souffler. Bien sûr, la flamme s’éteint. Souffler encore, encore… en général, des rougeurs apparaissent comme des braises dans une cheminée. Bien sûr, avec une simple feuille ce n’est pas suffisant pour faire renaître la flamme. Mais dans le cas où il y a tout un tas de choses à brûler, là les flammes repartent bel et bien. Et plus il y a de vent, plus elles grandissent. Vite, très vite. C’est pour cela que le feu peut être si dangereux.
  2. Dans un jardin, creuser un trou d’environ 20 cm de largeur et de profondeur. Y placer quelques brindilles, feuilles d’arbre, bouts d’écorce… et allumer. Là encore, souffler permet de voir des braises rougir. Garder une bouteille d’eau à côté, on ne sait jamais. Ne pas oublier de faire cela quand il n’y a pas de vent, et surtout bien reboucher ensuite avec beaucoup de terre.

Ces deux expériences permettent de comprendre à quel point le vent est le grand ennemi du pompier. Lors d’un incendie de forêt, si le vent se lève, le feu se propage de plus en plus vite.

Comprendre la toxicité des émanations

Les incendies provoquent de nombreux drames. Parmi ceux-là, il arrive malheureusement… que des gens meurent. Mais de quoi, au juste ? On croit souvent qu’ils meurent brûlés par les flammes. En réalité, la plupart du temps, ce sont les émanations qui sont fatales. Autrement dit, de la fumée. Il y a des fumées inoffensives, comme celle de la bougie une fois qu’on l’a soufflée. Et puis il y a les fumées mortelles des incendies accidentels.

En fait, le corps humain n’est pas facilement inflammable. Un corps brûlé, même gravement, s’enflamme rarement. Le plus dangereux pour nous, humains, c’est avant tout ce que dégage la flamme. Surtout pour un incendie de maison ou d’appartement : il s’y trouve une énorme quantité de choses très inflammables et très, très toxiques. Plastique, poussière de bois, peinture…

Pour s’en rendre compte à quel point la fumée est l’un des autres dangers du feu, voici une nouvelle expérience : on peut prendre un tout petit bout d’emballage plastique et le mettre dans une assiette (découper par exemple un carré d’un demi-centimètre de côté, c’est largement suffisant). Allumer ce bout, garder un verre d’eau à proximité, dans une pièce avec fenêtre ouverte. Se tenir un bon mètre de l’assiette. Au bout de quelques secondes, on commence à sentir l’odeur. On peut alors éteindre. Si la toxicité se sent pour si peu, imaginez pour toute une pièce qui brûle !

Pris dans un incendie, que faire ?

Si la toxicité de la fumée est si nocive, la question que l’on peut se poser est la suivante : pris dans un incendie, comment s’échapper ?

  • Petit indice : la fumée reste-t-elle là sans bouger ? Ou bien se dirige-t-elle vers le bas ? Ou vers le haut ?
  • Si on quitte la pièce en marchant ou en courant, est-ce une bonne idée ? Clairement, non ! Bouche et narines sont proches des émanations. C’est ainsi que les drames surviennent. On voit les flammes, on panique, on tente de partir le plus vite possible… et on tombe inanimé à cause des fumées toxiques.
  • La solution : sortir en se rapprochant du sol ! Selon la situation, on peut partir accroupi, à quatre pattes ou à plat ventre. L’idéal est à plat ventre. Plus on est près du sol, plus l’air est pur. Plus on est près du plafond, plus l’air est irrespirable.

Peut-on toucher du feu sans se brûler ?

Eh bien oui, c’est possible. Mais ce n’est pas une raison pour essayer, car le risque reste présent ! L’image la plus célèbre est celle du fakir marchant sur un lit de braise. En réalité, un pied de fakir est comme n’importe quel autre : la peau reste intacte uniquement parce qu’une braise ne blesse pas tout de suite ! La chaleur du feu met du temps à se transmettre, temps qui varie selon les circonstances.

Plutôt que marcher sur des braises ou passer le doigt dans une flamme, voici une expérience que les enfants peuvent réaliser pour comprendre ce phénomène. Avec une allumette. Il suffit de placer une bougie plate dans une assiette, allumée, puis, de prendre une nouvelle allumette. Passez la tête de l’allumette dans la flamme, d’abord très rapidement. Elle ne s’enflamme pas. Puis, repassez un peu moins rapidement… puis, encore moins… jusqu’à ce que la tête s’enflamme : le phénomène peut être impressionnant.

Voir la combustion spontanée !

Mais attention, si la matière peut passer à travers la flamme sans prendre feu, elle peut aussi prendre feu sans avoir été touchée par une flamme. Cela s’appelle la combustion spontanée : une flamme, selon la chaleur et la distance, se propage sans contact. D’ailleurs, lors d’un incendie, tout finit par prendre feu, même ce qui nous semble impossible, comme les briques, le fer ou le ciment. Tout est question de chaleur.

Pour qu’une matière prenne feu à distance, il n’y a même pas besoin d’un vrai incendie pour cela. Voici l’expérience pour s’en rendre compte. Il suffit de mettre la bougie plate dans un lavabo. Après l’avoir allumée, approchez le bout d’une feuille de papier au-dessus, à quelques centimètres. Au début, on a l’impression que rien ne se passe. Puis, on voit le papier noircir peu à peu. Et enfin s’enflammer. Il est alors temps de laisser tomber la feuille à côté de la bougie et d’ouvrir le robinet. Le mieux est de débuter l’expérience à une cinquantaine de centimètres au-dessus de la bougie et de descendre peu à peu, très lentement. Bien entendu, la main doit se tenir à l’autre bout de la feuille.

Important : après avoir brûlé, une feuille peut garder quelques toutes petites braises… il faut donc la passer sous l’eau avant de la jeter à la poubelle. Certains fumeurs, persuadés que leur mégot est complètement éteint, le jettent. Sur le trottoir, ça pollue sans être dangereux. Dans une poubelle, il suffit d’une minuscule braise pour que tout s’enflamme.

pour conclure sur Les dangers du feu

Le feu est un élément surprenant. Quand on regarde des flammes danser, on est comme hypnotisé. Ce n’est pas pour rien qu’on lui voue des poèmes, des chansons et des histoires. Faut-il en avoir peur ? L’essentiel, c’est de savoir comment l’utiliser, connaître les dangers du feu et s’en éloigner si c’est nécessaire.

Pour résumer :

  • Ne jamais laisser de bougie sans surveillance.
  • Ne pas jouer avec des allumettes, ni à faire du feu. Sauf avec un adulte dans le cadre d’une expérience comme celles que nous venons de voir.
  • En cas d’incendie, se sauver en se rapprochant le plus possible du sol (accroupi, à quatre pattes ou à plat ventre).

Bien utilisé, le feu n’est pas du tout notre ennemi. Après tout, c’est en le maîtrisant que l’homme a pu enfin faire cuire la viande 🙂

 

Cet article et les expériences proposées par Alexis vous ont plu ? N’hésitez pas à le contacter par mail : alexis@delirovores.fr. Il organise des anniversaires science dans tout l’Ile de France, comme vous pouvez le voir en cliquant ici.

 

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