Depuis Septembre, Djanaé fait de l’éveil à la danse. Quand j’ai reçu la proposition d’article de Fredouica Perret sur ce sujet, je me suis dit que oui, ça valait le coup de connaître le point de vue d’une prof d’éveil à la danse. Je lui laisse donc la place aujourd’hui. Je vous propose au-travers de son vécu à elle et de sa manière de faire ses cours, de découvrir en quoi la danse est une forme d’expression importante pour l’enfant, surtout pour l’enfant en bas âge, jamais trop jeune pour découvrir l’éveil à la danse.

 

Présentation

Je m’appelle Fredouica Perret et je suis passionnée par tout ce qui anime la vie, son expression, le mouvement, et la danse. J’enseigne l’éveil à la danse classique pour les enfants jusqu’à 6 ans ainsi que l’expression danse contemporaine et le théâtre pour tous. Mon regard sur l’enseignement de la danse aux enfants n’engage que moi, je partage tout simplement mon expérience.

 

La bienveillance pour l’éveil à la danse

Je crois que la bienveillance envers toute chose est essentielle. C’est ce regard là que je souhaite offrir dans mon enseignement de la danse aux enfants. La danse est par excellence l’art de la mise en mouvement de l’être et de sa relation à la vie. Il existe ainsi autant de manière de danser qu’il existe d’êtres en devenir.

Enseigner la danse aux enfants, je crois, c’est éveiller et encourager toutes les possibilités qui sont déjà en eux, à l’instar des graines dans la nature qui contiennent tout le potentiel en devenir de la plante. L’enseignant n’est donc pas là pour priver l’enfant de sa liberté, mais pour justement l’aider à ressentir cette liberté et à la faire fleurir, au sein d’un cadre sécurisant, avec des propositions pédagogiques accueillantes.

Forcer son corps, le contrer, le dévaloriser, le juger… tout cela n’encourage en rien un bon épanouissement du danseur et peut le mener à des attitudes et comportements compétitifs, jaloux, despotiques, désespérés, etc. Vivre en bienveillance n’exclut pas de travailler son corps avec une certaine intensité, au contraire, celle ci sera d’autant plus productive, surtout à long terme.

Déjà tous petits, les enfants impriment leur fragilité dans leur corps. Veiller à leur bien-être est donc primordial. Il importe de leur apprendre, grâce à l’éveil à la danse, à connaître leur corps, à lui faire confiance et on découvre le mieux son corps en prenant soin de lui avec beaucoup de bienveillance, d’écoute et de douceur dans les exercices.

La danse ne délivrant que l’authentique, on y avance et on progresse en franchissant des caps. Et à chaque tension relâchée, à chaque blocage délié, à chaque raideur apprivoisée et dissipée… la confiance va croissante, les mouvements atteignent plus d’amplitude, d’assurance et surtout de joie ! Notons qu’un enfant à l’aise dans son corps, le sera plus facilement dans tous les domaines de sa vie.

éveil à la danse
Image : Peter Voerman

 

Comment se passent mes cours d’éveil à la danse ?

  • Je commence chaque cours dans le calme : le monde actuel aspire littéralement les enfants hors d’eux-mêmes, les adultes aussi d’ailleurs. Les multiples sollicitations des technologies, les emplois du temps avec des activités programmées chaque jour, les devoirs, sans parler d’une journée entière assis derrière un pupitre où il est demandé de se concentrer à 100% sur un intervenant extérieur et d’apprendre des choses qui ne font pas toujours sens pour l’enfant… tout cela draine l’attention et vide l’énergie. On fabrique ainsi une multitude de petits enfants hors de leurs corps et par conséquent stressés, insécurisés, agités… Il est important pour moi de commencer mes cours d’éveil à la danse dans le calme.
  • On travaille au sol un moment : le but est d’explorer le corps, les articulations et d’épanouir une souplesse légitime. Sur le sol, il est plus facile « d’étaler » son corps et de relâcher sa musculature.
  • Ensuite on danse et on échange sur les mouvements : J’interroge beaucoup les enfants pour qu’ils réfléchissent et trouvent eux-mêmes par exemple les chemins d’un exercice à gauche que nous venons d’accomplir à droite. Ou alors je leur demande qu’ils cherchent comment, lorsqu’on plie les jambes, les genoux peuvent doucement éviter de se rejoindre. J’aime qu’ils osent partager leurs pensées et collaborer entre eux et qu’ils réalisent que le mouvement, la souplesse, la danse, sont des outils d’épanouissement et d’expression.

 

Et l’enfant en tant qu’individu unique dans tout ça ?

  • Il faut tenir compte de son âge : Afin de ne pas entraver et gâcher la nature même de l’enfant, il est bon de ne pas lui imposer des techniques contraignantes avant l’âge de 8 ans environ. En effet, le corps d’un enfant, en particulier jusqu’à 8 ans, est tout souple et tendre, malléable et disponible, en pleine croissance. Les tout-petits sont très élastiques. Alors comment expliquer que tant d’enfants grandissent en perdant leur souplesse naturelle ? Cela ne peut être que le miroir d’un regard et d’une pédagogie limitatifs et rigides. Vers 8-9 ans, il s’agira de chercher comment une technique pourra le servir, accompagner sa croissance, sans le rigidifier, l’entraver et le formater. Nous devrons l’aider à faire siens les mouvements proposés, même ceux de la danse classique (les positions du ballet souvent enseignées comme des postures figées s’inscrivent dans un mouvement vivant, elles représentent des extraits condensés d’un être qui exploite pleinement l’espace en lui et autour de lui).
  • Il faut l’aider à danser libre : Quand on observe un enfant en liberté totale de ses mouvements, bien dans sa peau, on s’aperçoit qu’il vit et danse déjà au-delà de toutes les positions établies. L’expression est indissociable du mouvement. Nous sommes des êtres d’expression pure. Tout ce que nous sommes « exprime » quelque chose. Il est impossible de réprimer cela. Essayer de le faire bloque le corps et tous les mouvements.
  • L’enfant doit danser pour lui : Je fais tout pour que puisse rayonner la joie de vive dans le cœur de chacun et je prends toujours soin de soulager les petits visages crispés, obéissant et soucieux de me plaire. Les enfants ne sont pas là pour me plaire, ni pour plaire à leurs parents, ou à qui que ce soit d’autre, mais pour se plaire à eux-mêmes et ressentir du plaisir dans les mouvements dansés.
  • Il faut respecter la nature d’un enfant : Par exemple, un enfant très doux et délicat risquera de se bloquer et de perdre confiance en lui si je lui impose un travail qui le sollicite trop en force. Si ses prédispositions naturelles sont respectées et accompagnées avec bienveillance, il ira de lui-même explorer d’autres avenues musculaires plus soutenues. Je serai également attentive au fait qu’un enfant qui bouge toujours dans l’excès et la force, ne soit pas plutôt fatigué ou dans un état de nerfs exacerbé et défensif, ce qui le pousserait à dépasser ses limites de manière incontrôlée et à perdre son énergie.
  • Je privilégie les petits groupes : Pour être disponible et présente envers chacun, j’apprécie de travailler avec un petit nombre d’élèves à la fois, maximum 8 quand cela est possible. Les enfants ont une demande naturelle envers l’adulte. Ils ont besoin d’être reconnus et « nourris dans leurs cœurs » en permanence. Dans un groupe de 12 ou plus, il m’est plus délicat en 45mn ou 1 heure, de satisfaire tous ces petits enthousiastes.

 

Pour conclure

Pour finir, je prends soin de moi le plus possible, me remettant sans cesse en question, parce que je crois que ce qui compte le plus avec les enfants, c’est la qualité de présence qu’on peut leur offrir.

 

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