L’autre jour, je lisais un article dans le journal « La Vie ». Mon grand-père y est abonné et je jette souvent un œil aux différents articles. Il y en a un qui a attiré mon attention : « Comment le revenu familial modifie le cerveau des enfants » (Article page 22 du 13 Septembre 2018). Au début, je me suis dit que c’était un peu « cliché ». Voir même « orienté ». Alors je l’ai lu. Et cela semble réel : les enfants pauvres ont un cerveau moins développé. Pourquoi ? Comment ? Et comment peut-on agir ? Je me suis dit qu’il était important de faire cet article. Alors le voici.

 

Les enfants pauvres ont un cerveau moins développé

C’est le résultat d’une étude menée par deux neuroscientifiques américainess (Kimberly Noble et Elizabeth Sowell) dont les résultats sont parus en 2014 dans le magazine Nature Neuroscience. Ces deux scientifiques ont pris en photos (par IRM) les cerveaux de 1099 enfants, adolescents et jeunes adultes de plusieurs milieux sociaux. D’après leurs images, les cerveaux des enfants de familles vivant avec moins de 25 000 dollars par an (envion 21 500€) ont un cortex cérébral  moins développé. Les enfants de familles aisées (plus de 150 000 dollars par an, soit 129 000€ par an) ont jusqu’à 6% de plus de surface corticale. Et plus les enfants sont pauvres, moins leur cerveau est développé.

 

Quelles sont les différences principales de développement cérébral ?

Un enfant vivant dans une famille aisée a :

  • la zone de son cerveau liée au langage qui est plus développée,
  • ainsi que la zone liée à la mémoire,
  • et aussi la zone liée à la gestion des émotions et des pensées.

On peut observer ces différences chez des nourrissons âgés de seulement 1 mois. Ce qui signifie que les enfants vivant dans des familles avec moins de revenus, partent avec un développement déjà un peu en retard par rapport aux enfants vivant dans des familles aisées. Et les enfants qui réussissent malgré tout dans leurs apprentissages le feraient en utilisant leur cerveau de manière différente.

 

Qu’est-ce qui explique ces différences ?

Premièrement, on parle de risques : l’exposition à la pollution, une mauvaise alimentation, le stress toxique… Les enfants vivant dans des conditions de vie plus difficiles sont plus sujets à ces risques qui influent directement sur le développement cérébral. Concernant la santé physique ou encore l’alimentation, on n’a aucun problème à voir le lien entre ces facteurs et les conséquences sur le développement d’un enfant.

Le stress toxique, quand à lui, serait un des facteurs les plus importants expliquant ces différences entre enfants vivant dans des familles aidées et enfants vivant dans des familles à revenus bas voire très bas. En effet, la pauvreté entraine une insécurité pour les parents : « comment vais-je nourrir mes enfants ? » « Comment vais-je finir le mois ? » « Je ne pourrai jamais payer leurs études… » Cette insécurité engendre de la peur. Notre hypothalamus tire le signal d’alarme et notre corps se met alors à produire de l’adrénaline, de la norépinéphrine et du cortisol. On se retrouve alors en position « je fuis, ou je me bats ». Plus un enfant vit dans un cadre de stress toxique, plus il va adopter ces comportements au quotidien. Et un cadre de stress toxique, c’est un cadre de vie où on n’a pas assez d’argent pour vivre, où on ne peut pas partir en vacances, où on vit dans des endroits où l’insécurité règne (où les loyers sont moins chers), où il faut se battre pour se faire une place, etc.

Ce qu’il faut comprendre c’est que quand les parents vivent dans cette insécurité et ce stress toxique, sont moins souvent présents parce qu’ils cumulent les différents jobs pour subvenir aux besoins des enfants. Ils sont donc moins présents, et moins disponibles pour rassurer leur bébé ou leur enfant. Le mode « survie » s’active ainsi chez l’enfant, dès son plus jeune âge. Et toute l’énergie est utilisée pour survivre. Elle n’est donc plus disponible pour que le corps et le cerveau se développent normalement.

Le deuxième élément dont il faut tenir compte, c’est que qui dit « peu de moyens », dit « peu de sources d’apprentissages ». Un enfant vivant dans un environnement pauvre n’a souvent pas accès à des cours de musique, à des activités artistiques ou culturelles (visite de musée, sortie spectacle, etc.). Et toutes ces choses participent à l’éveil, à la curiosité, à la diversité, au plaisir d’apprendre.

 

Comment changer la donne ?

Il n’y a pas de fatalité. Et je ne parle pas de discours d’abondance où tout le monde peut vivre une meilleure vie et offrir plus de sécurité financière à ses enfants. Ces discours sont souvent culpabilisants. Je ne vous parle pas non plus du haut d’une chaise en or où j’aurais grandi. Mes parents étaient loin de gagner 25 000 dollars par an. On a vécu des situations de stress intense de nombreuses fois. Mais ils ont mis en place certains des éléments que je partage avec vous plus bas. Je ne sais pas à quoi ressembleraient les images de mon cerveau. Mais je peux vous assurer que je ne faisais pas partie des élèves en difficulté. Donc il y a des solutions. En voici 7.

  1. Le bien être émotionnel. Les neuroscientifiques affirment aujourd’hui que le stress se transmet génétiquement. Mais heureusement, c’est réversible. On peut changer la donne. Comment ? Grâce à un environnement bénéfique. Il s’agit d’apprendre à rassurer les enfants, à les écouter, à les consoler, à les encourager.
  2. Jouer avec les enfants. Un enfant a besoin de jouer pour apprendre, découvrir le monde. C’est aussi un excellent moyen de lui faire vivre des émotions positives, en passant un temps de qualité avec lui.
  3. Communiquer avec ses enfants . Un enfant a besoin, dès son plus jeune âge, qu’on lui parle. Sinon, il imagine. Il ressent des choses, et il peut croire qu’il en responsable. Ou nourrir de la colère parce qu’il n’a pas appris à verbaliser ce qu’il ressent face à l’injustice. Il est primordial de parler à son enfant, de mettre des mots sur ce qu’il vit, de ne pas lui parler « bébé », de lui lire des histoires. Toutes ces choses l’aident à comprendre le monde dans lequel il vit, à interagir avec, à s’exprimer, et à mieux comprendre les autres.
  4. Accepter que chaque enfant apprend différemment et proposer des alternatives, s’adapter. Comme on l’a vu plus haut, les enfants n’utilisent pas leurs cerveaux de la même manière. Même sans cette différence de niveau de vie, chaque enfant a des spécificités dans sa manière d’apprendre. Il est donc primordial d’être à l’écoute des enfants et de s’adapter. Ce n’est pas aux enfants de s’adapter à un apprentissage, c’est l’apprentissage qui s’adapte selon les enfants.
  5. Donner plus de moyens aux structures d’apprentissages qui sont dans des zones plus défavorisées. D’après Marc-Olivier Padis (directeur des études du think tank Nova), « en France, on donne moins à ceux qui ont moins : les lieux défavorisés cumulent un investissement moindre dans les bâtiments, moins de personnel d’encadrement, de titulaires expérimentés, des non-remplacements d’enseignants, etc. » Alors certes, ce critère ne dépend ni des parents, ni des enseignants. Mais, on peut, à la maison, inverser la donne en étant présents pour nos enfants dans leurs apprentissages. En les aidant du mieux qu’on peut, en leur permettant d’avoir accès à une bibliothèque gratuitement. Ou encore en leur permettant d’accéder à des cours de soutien par des associations, ou à un ordinateur pour faire des recherches, etc.
  6. Stopper les comparaisons pour mieux maîtriser les savoirs. En France, on a l’habitude d’évaluer les connaissances des élèves de manière à les comparer entre eux. Alors qu’on pourrait aider l’élève à maîtriser son apprentissage, de manière à ce qu’il voit ce qu’il a déjà acquis et ce qui lui reste à acquérir. D’ailleurs, plusieurs professeurs aujourd’hui choisissent de n’évaluer l’élève que lorsque celui-ci est sûr de réussir. D’autres mettent en place l’auto-évaluation. D’autres encore font ce qu’ils appellent une « séance-débat » où tout le monde discute des erreurs commises et les analyse pour y remédier, ensemble.
  7. Remplacer la peur d’échouer par le plaisir d’apprendre. Plus facile à dire qu’à faire ? C’est tout notre travail avec Stéphane, au-travers de ce blog 🙂

 

N’hésitez pas à donner votre avis sur ce sujet dans les commentaires. Et si vous avez d’autres idées, en plus des 7 proposées, elles sont les bienvenues 🙂

 

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