« Dans l’écriture, la main parle. Et dans la lecture, les yeux entendent les paroles » –  Eugène Géruzez

À l’heure où taper sur un clavier est plus rapide et plus facile, écrire avec sa main et un stylo (ou un crayon) sur une feuille est souvent perçu comme une corvée. Et pourtant, écrire à de nombreux avantages. Je vous propose donc de comprendre d’abord en quoi écrire est important, puis plusieurs jeux à faire pour découvrir le plaisir d’écrire.

 

Pourquoi écrire ?

On comprend volontiers l’envie de mettre des mots sur un ressenti ou un vécu, l’envie de raconter, l’urgence de transmettre, le souhait de laisser une trace, le besoin de se débarrasser de quelque chose, l’envie de choisir les bons mots ou la bonne formulation, la possibilité de rectifier et corriger, la soif de communiquer… On perçoit aussi facilement un besoin de se confesser, ou encore une envie de voyager, de créer, de s’évader ou au contraire de s’enfermer dans sa bulle…

Mais cela on peut le faire avec un ordinateur. Alors à l’heure du 100% numérique, pourquoi écrire sur une feuille ?

  • L’écriture est une façon de s’exprimer : comme le dessin, la musique ou le théâtre, écrire est une façon que l’on a de s’exprimer. D’ailleurs, l’écriture est quelque chose de très personnel : on a tous une façon d’écrire qui nous appartient, autant dans la forme que dans le fond.
  • Écrire pour ralentir : tout va trop vite, les informations numériques circulent à une vitesse folle. Écrire à la main sur une feuille, c’est prendre le temps de choisir ce que l’on juge important à dire, de sélectionner les bons mots et de les écrire les uns après les autres. Écrire permet de privilégier la qualité à la quantité.
  • Savoir écrire pour avoir toutes les cartes en main : savoir lire est une évidence pour se repérer, pour chercher des informations, pour apprendre, pour voyager… Savoir écrire semble parfois moins évident, mais on a besoin de savoir écrire ne serait-ce que pour faire sa liste de course en dernière minute sur un bout de papier qui traîne, prendre un message, remplir un chèque, noter une adresse sur une enveloppe, envoyer une carte postale… Bien sûr, la majorité des supports papiers sont remplacés par des supports numériques. Mais on n’a pas toujours son smartphone à disposition pour prendre des notes, ni son ordinateur pour écrire une lettre. Savoir écrire et même savoir bien écrire, c’est avoir plus de choix, plus de facilité, plus de liberté. C’est s’intégrer dans la société actuelle, dans la culture dans laquelle on évolue.
  • Écrire pour respecter des codes de calligraphie : chaque langue a sa forme d’écriture, ses spécificités. Écrire c’est respecter l’espace, l’alignement, la direction, les proportions, le sens d’écriture, etc.
  • Écrire pour apprendre à rédiger : écrire ce n’est pas seulement recopier. C’est aussi inventer, organiser, hiérarchiser… écrire une histoire ce n’est pas pareil qu’écrire une lettre de motivation ou dans son journal intime.
  • Écrire pour stimuler l’activité cérébrale : Comme dans d’autres activités, des milliers de connexions neuronales se font dans le cerveau des enfants. L’écriture permet de travailler la coordination (mouvements du poignet, du bras, de l’épaule), ainsi que la concentration (ce qui permet de mieux évaluer et organiser les informations). De plus, le fait d’écrire permet de mieux visualiser et donc de mieux apprendre.

 

Comment transmettre le plaisir d’écrire ?

S’il y a bien une chose méga importante à mes yeux c’est de ne pas forcer l’enfant à écrire : à mon sens, c’est le meilleur moyen de le braquer et de le dégoûter d’écrire. Alors comment on fait ?

1. Donner aux plus jeunes l’envie d’apprendre à écrire :

Je suis actuellement dans cette phase avec Djanaé qui lit très bien mais qui ne sait pas écrire (à part les majuscules en capitales) et n’a pas tellement envie d’apprendre.

  • Je propose régulièrement de « travailler » une lettre ou deux. Souvent elle me dit non, je n’insiste pas. Parfois elle me dit oui et elle s’arrête dès qu’elle en a marre. Certains chercheurs estiment que les enfants mobilisent 2/3 de leur mémoire de travail pour tracer les lettres au début de l’apprentissage de l’écriture. C’est donc très fatiguant.
  • Je la laisse choisir les lettres qu’elle veut apprendre. Oui, elle sait très bien que certaines lettres sont plus faciles et permettent de maîtriser d’autres lettres par la suite. Mais c’est quand même elle qui choisit, parce que c’est elle qui écrit, donc autant qu’elle écrive quelque chose qui lui donne envie et qui lui plaise.
  • Je n’ai pas d’attentes : parfois elle réussit ses lettres, parfois pas. Elle entoure celles qu’elle trouve « parfaites » (c’est comme ça qu’elle dit). Je lui montre quand elle écrit à l’envers (elle est capable d’écrire les mots pour les lire dans le miroir c’est assez perturbant), elle s’énerve quand elle n’arrive pas à rester dans les lignes… Donc pas besoin d’en rajouter, ni de mettre l’accent sur ce qui ne va pas. Je l’encourage quand elle fait l’effort, je la félicite quand elle arrive à faire des lettres « parfaites » ou des mots entiers, et on fait même la danse de la joie (toute une culture, ça s’apprend) 😀 Personnellement je n’ai pas d’attentes, elle n’a pas de date limite, elle n’a pas à s’entraîner tant de minutes par jour. Elle y arrivera quand elle sera prête et qu’elle éprouvera plus de plaisir à y arriver que de contrainte…
  • Je lui ai offert un petit carnet de notes, elle aime écrire des mots sans lien entre eux et parfois recopier des phrases d’un livre. Plus le carnet est joli, plus l’enfant a envie de l’utiliser (pour faire comme les grands… à condition bien sûr d’avoir quelqu’un dans l’entourage qui prend des notes à tout bout de champ comme moi) 🙂
  • Je l’encourage à inventer : elle me dicte ce qu’elle veut écrire et j’écris exactement comme elle me l’a dicté. Elle a ainsi écrit des poèmes et même inventé une chanson. L’enfant peut aussi inventer des histoires.
  • Je l’encourage à lire : la lecture et l’écriture sont deux apprentissages très liés. Si l’enfant aime lire, il va photographier plus facilement l’orthographe des mots, il va enregistrer beaucoup plus vite de nombreuses expressions et plus de vocabulaire, et il va peut-être avoir envie d’écrire à son tour pour être lu.
  • Elle fait la liste des choses qu’elle pourra faire quand elle saura écrire : faire la liste de courses, écrire une carte postale quand on sera en voyage, inventer une histoire, tenir un journal intime, noter toutes les questions qu’elle se pose la nuit dans son lit, écrire les adresses sur les enveloppes que l’on doit poster… En se projetant, l’enfant visualise à quoi ça va lui servir, et se fixe lui-même des objectifs.
  • Écrire et dessiner : ce ne sont pas du tout les mêmes mécanismes qui entrent en jeu lorsque l’on dessine ou lorsque l’on écrit. L’idée, c’est de mêler les deux, pour montrer à l’enfant qu’il peut aussi faire de l’art avec l’écriture. On peut donc écrire soi-même des mots et laisser l’enfant décorer et dessiner autour, ou lui proposer d’écrire lui-même.
  • Faire un plan : bien sûr, avec les travaux de notre caravane, nous en avons fait des plans. Djanaé en fait aussi tout plein. Elle imagine sa maison, et elle dessine des murs, mais elle écrit aussi (toujours en majuscules mais c’est mieux que rien) les noms des pièces, là où il y a une porte…
  • Faire une carte : pour un anniversaire, une fête, Noël, ou juste pour le plaisir. On peut faire la carte avec de l’origami, du scrpabooking, de la peinture, des photos… et un message écrit par l’enfant (avec ou sans modèle selon son âge et ses capacités) 🙂 Si l’enfant est vraiment jeune, il peut simplement écrire son prénom pour la signer.
  • Le jeu des adjectifs : On donne un mot (exemple : le mot biscotte) et il faut trouver un maximum d’adjectifs pour « habiller » ce mot : bonne biscotte / biscotte croquante / biscotte brûlée / petite biscotte… Ce jeu, je l’ai pioché dans le livre « 50 idées de jeux à l’oral pour devenir fort à l’écrit (dès 4 ans et jusqu’à l’adolescence) ». Il s’agit d’un livre écrit par une psycholinguiste et maman d’enfants « dysfférents ». Ce livre regorge d’idées simples à mettre en place et innovantes 🙂

 

2. Une fois que l’enfant sait écrire, qu’il conserve ce plaisir d’écrire :

Voici plusieurs jeux pour s’entraîner à écrire tout en s’amusant, et s’améliorer en conservant le plaisir d’écrire.

  • écrire des listes de mots : des mots se terminant par un même son, des mots commençant par « ch », des mots de deux syllabes, ou encore des mots comprenant au moins deux « a »… ce sont quelques exemples, pour travailler à la fois l’écriture, le vocabulaire, l’imagination et la logique. On peut aussi mettre un chronomètre et à la fin compter le nombre de mots trouvés, puis compter le nombre de mots bien écrits (à l’aide d’un dictionnaire). Et ça, sans mettre forcément les joueurs en compétition les uns par rapport aux autres, mais ensemble.
  • inventer une liste de courses : on peut s’imaginer faire ses courses sur un marché mexicain, ou prévoir un menu pour Noël, noter la liste des courses à faire pour partir en vacances à la mer, ou faire la liste des pires ingrédients pour faire un sandwich… On peut aussi simplement prévoir la liste de courses de la semaine 🙂
  • faire une to-do list : c’est-à-dire la liste de choses à faire. Ca peut être une liste de choses à faire avant la fin de la semaine (ranger la chambre, finir un livre…) ou une liste des choses qu’il/elle aimerait le plus faire au monde, ou encore une liste des personnes à qui on veut dire une chose gentille (et bien sûr noter quelle chose gentille)…
  • le petit bac : un grand classique que j’ai failli oublier, et qui m’a été soufflé par une lectrice sur facebook (hé oui, parce que vous pouvez participer à l’élaboration de certains articles). On fait un tableau : chaque colonne représente une catégorie (Pays, Prénom féminin, Fleuve, Légume, Artiste…) Plus on est à l’aise, plus les catégories sont complexes. On choisit ensuite une lettre au hasard et tous les joueurs doivent trouver un mot commençant par cette lettre pour chaque colonne. Le premier qui a tout trouvé stoppe le jeu. On compte ensuite les points (1 point par bonne réponse, 0 quand on n’a pas trouvé ou quand quelqu’un d’autre a noté le même mot). Et on recommencer avec une autre lettre.
  • imaginer la suite : on peut commencer une phrase à l’écrit et laisser l’autre imaginer la suite. On peut écrire le sujet, l’enfant le verbe, nous un bout de phrase, lui la suite (par exemple : le chat saute en pyjama dans une flaque). Ce jeu porte le nom du « cadavre exquis » (merci à une autre lectrice de facebook) 🙂 On peut aussi imaginer la suite d’une histoire, la suite d’un poème ou encore la suite d’un film.
  • j’aime, j’aime pas : décrire tout ce qu’on aime et tout ce qu’on n’aime pas… c’est aussi un jeu qui permet de mieux se connaître et de rire ensemble 🙂
  • faire un lapbook : vous savez ce livre objet qui réunit les éléments les plus importants d’un thème, d’une leçon ou autre. Non seulement l’enfant choisit le thème, la déco, mais aussi les informations qu’il veut mettre dedans et comment les organiser. L’écriture fait partie intégrante du projet.
  • écrire un journal intime : on peut commencer en présentant « Le journal d’Anne Franck », cette jeune fille juive qui a écrit tout ce qu’elle a vécu les années cachées dans un grenier avant d’être envoyée en camp de concentration pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le journal intime est intime, il n’a pas besoin d’être lu, c’est juste un support pour que l’enfant s’exprime, raconte, extériorise…
  • écrire un journal événementiel : l’idée c’est de mettre tout ce que l’on souhaite dire d’important par rapport à un événement (un voyage, un anniversaire…). On peut aussi le décliner en journal annuel, répertoriant tous les événements marquants de l’année. On écrit, mais on met aussi des photos et on fait du scrapbooking. Ce qui rend chaque journal unique et rempli de supers souvenirs.
  • se prendre pour un journaliste : écrire un journal, un magazine ou un blog. C’est souvent beaucoup plus joyeux en groupe. On peut alors imaginer plusieurs thématiques, et chaque personne se charge d’une rubrique, l’occasion de parler d’un sujet qui lui plaît vraiment, de faire des recherches, et d’écrire bien sûr 🙂
  • faire des calligrammes : c’est une forme de poème qui consiste à utiliser des mots pour former un dessin. On dispose les mots de manière à faire des lignes pour créer un paysage ou un objet. Ces mots peuvent avoir un lien entre eux, ou pas. C’est originale et ludique !
  • créer un roman photo : on imagine une histoire, on se met en situation et on prend en photo. Ensuite, on colle les photos dans l’ordre de l’histoire (comme une BD), et on écrit dans des bulles les dialogues, ainsi que les explications de mise en scène. On peut tout à fait imaginer avec des plus jeunes de présenter les règles d’or de la famille sous cette forme : des photos et des phrases expliquant chaque règle d’or. Du fun, de l’art et de l’écriture, que demande le peuple ? 😛
  • je suis d’accord / je ne suis pas d’accord : prendre un article de journal, ou trouver un sujet qui intéresse les joueurs. Dire une affirmation et les laisser écrire : « je suis d’accord car… » ou au contraire « je ne suis pas d’accord car… ». En plus d’écrire avec plaisir, on apprend à argumenter lorsqu’on a un avis.
  • écrire une histoire : à tout âge l’enfant peut inventer et créer une histoire de A à Z. Un roman, une nouvelle, un conte, une fable, une pièce de théâtre… tout est bon tant que ça lui donne envie.
  • avoir un correspondant : le plaisir d’avoir une lettre après des semaines d’attente, le plaisir d’échanger, l’envie de partager et de se trouver des points communs, le bonheur de se faire des amis… écrire permet de communiquer et de tisser une relation particulière.
  • les citations : l’idée c’est de trouver de jolies citations, inspirantes, joyeuses, poétiques ou même rigolotes… on les écrit sur un joli papier qu’on décore et on l’affiche sur le frigo ou sur un mur dédié.
  • faire des rimes : on peut choisir une rime et inventer un poème avec des vers se terminant par cette rime. On peut aussi choisir un thème et faire un poème avec des vers qui riment entre eux (il peut y avoir plusieurs rimes différentes).
  • la boîte à souvenirs : décorer une jolie boîte (assez grande). Chaque fois qu’il y a quelque chose de chouette qui s’est passé dans la journée, le noter sur un petit bout de papier et glisser le bout de papier dans la boîte. À la fin de l’année, on ouvre la boîte et on se repasse tous ces beaux souvenirs qui ont fait de l’année une belle année !
  • des lettres : on peut inviter l’enfant à écrire des lettres à certains moments de l’année : pour dire à mamie combien on l’aime pour la fête des grands-mères, pour nous dire tout ce qu’il aimerait faire avec nous (ses parents), pour écrire une prière (que personne ne lira)… et pourquoi pas écrire à un voisin ou une voisine en étant anonyme mais en disant des choses gentilles… je suis sûre que vous trouverez aussi d’autres idées 🙂
  • la cocotte : vous connaissez sûrement ce jeu où l’on fabrique une cocotte en papier, on fait des dessins différents, une personne choisit un dessin, on soulève le papier et on lit : un défi à faire, une devinette, une question sur soi, une blague, une citation… Vous trouverez un tutoriel en vidéo ici pour fabriquer la cocotte, et ensuite il suffira d’écrire. Écrire pour jouer c’est quelque chose que les enfants adorent.
  • le mur des souvenirs : affichez un grand morceau de papier quelque part dans la maison, à un endroit où tout le monde peut laisser un petit mot : une phrase rigolote, un souvenir, une citation, des mots gentils. Mettez-en un dans la chambre de votre enfant et il se plaira à y écrire chaque belle chose. Ses copains/copines feront de même. Et le tout sans abîmer le mur 🙂
  • le jeu des définitions : sortez le dictionnaire, un joueur prend un mot au hasard (que personne ne connaît). Tous les joueurs écrivent sur un papier la définition de ce mot (soit on l’imagine, soit on en déduit une, soit on l’invente carrément). Le joueur qui a lu le mot note la vraie définition. On mélange les papiers, et on les lit tous. On doit retrouver la bonne définition du mot. Rigolades garanties. Un moyen d’écrire en s’amusant.
  • les questions / réponses : chaque joueur écrit une question de manière anonyme sur un bout de papier. On mélange les bouts de papiers. Chaque joueur pioche un bout de papier et écrit sa réponse. On mélange de nouveaux les papiers qui contiennent cette fois une question + une réponse. Ensuite, on lit les bouts de papiers et on doit deviner qui a posé la question et qui a répondu. Ce jeu permet d’écrire, de mieux se connaître, de rigoler (avec des questions farfelues), bref, de passer un bon moment 🙂

 

Je viens de vous donner + DE 30 IDÉES dans cet article. S’il n’y en a aucune qui plait à votre enfant, alors je peux me taper la tête contre les murs, pour être encore plus créative et imaginative 🙂 OU ALORS, je piquerai dans les idées que vous partagerez en commentaires 😀

 

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