Alors que nous nous apprêtons à partir en camping-car dans quelques jours, j’ai reçu un mail d’une personne qui a vécu sur un bateau, qui a beaucoup voyagé avec ses enfants et qui souhaitait partager un bout de son histoire avec nous. Alors je lui laisse toute la place !

 

Bonjour, je m’appelle Katell, auteure du blog Secrets d’orientation. Quand j’ai découvert le blog d’Anne-Estelle je suis restée scotchée devant mon écran! L’instruction des enfants hors des murs de l’école, sans école, prise au sérieux par des parents! Waooo! Quelle évolution !

 

Ma première expérience de l’école à la maison date de ma propre enfance.

J’avais 6 ans, et je vivais une vie insouciante de petite fille dans un petit village sarthois. Mes parents avaient construit une jolie maison de plein-pied au beau milieu d’une forêt. Autour de nous, d’autres parents en avaient fait autant, si bien qu’un lotissement avait émergé d’entre les arbres, pour la plus grande joie des enfants qui se retrouvaient sous les branches, prêts à en découdre avec des indiens imaginaires, leurs vélos-chevaux appuyés contre les troncs des pins.

J’allais bien à l’école, mais au début du CE1, patatras ! Depuis quelques mois je me plaignais de douleurs au genou et je boitais, et aucun médecin ne comprenait ce qui se passait. Les radios étaient normales. Mon père croyait que je simulais pour ne pas avoir à subir les randonnées interminables du dimanche. Finalement on a découvert que la tête de mon fémur gauche se nécrosait tranquillement dans son articulation. J’avais mal au genou, mais c’était au niveau de la hanche que ça se jouait. Verdict : soit l’opération + prothèse + 6 mois de rééducation en centre spécialisé, soit 18 mois d’immobilisation allongée avec un lourd appareillage orthopédique.

Mes parents ont choisi la deuxième option. Mais pas question pour eux de m’abandonner aux bons soin des sœurs de la clinique la plus proche. Ils ont acquis le matériel orthopédique et ma mère a décidé de me faire l’école à la maison. Je savais déjà lire et j’adorais cela, je suppose que cela a facilité mes apprentissages. Tous les matins, ma mère m’enseignait le calcul, l’orthographe, la conjugaison et tout ce qu’elle estimait nécessaire que je sache. L’essentiel du travail se déroulait par oral car je ne pouvais pas écrire facilement en position allongée. Quoiqu’il en soit c’était assez joyeux, et j’en ai gardé un bon souvenir. À mon retour à l’école en CM1 j’avais de l’avance sur les autres élèves et je me suis trouvée en tête de la classe. Mission accomplie pour ma mère.

Je lui ai demandé si elle avait fait appel au CNED ou à l’institutrice, mais non ! Elle a acheté un Bescherelle, les fables de la Fontaine, et elle s’est mise au travail en suivant son inspiration et en se laissant guider par mes centres d’intérêts. Nous avons beaucoup joué. Plus tard elle est devenue professeur d’anglais dans le secondaire et elle a constaté avec dépit que les méthodes pédagogiques qu’on voulait lui imposer allaient à l’encontre de l’enthousiasme qu’elle voulait susciter chez les élèves. Elle avait compris que l’apprentissage fonctionne bien mieux s’il s’appuie sur la curiosité naturelle des enfants (et des adolescents !). Elle n’a jamais eu de problèmes d’autorité avec ses élèves, tout en s’efforçant de rester bienveillante, même en ZEP.

Ma seconde expérience a débuté au début de ce 21e siècle.

Pile en l’an 2000, mon compagnon, mon fils de 3 ans et demie et moi-même avons quitté la France pour un voyage de deux ans autour du monde, en voilier.

À dire vrai, j’étais assez détendue avec la question de la scolarisation de mon fils. Pendant que nous préparions le départ il fréquentait l’école maternelle où il se taillait un franc succès en jouant à Ben Hur, débout dans un petit chariot tiré par ses camarades. Dixit celle qui se présentait alors comme “sa première maîtresse”…

À l’heure du départ  des mamans attentionnées se sont chargées de me rappeler mes responsabilités. Comment allait-il survivre à deux années sans école ? Ne risquait-il pas d’accumuler du retard sur les autres enfants ? Avais-je prévu de lui faire la classe ? À vrai dire, non. Non, je n’avais absolument pas pensé à sa scolarité. Pour moi l’instruction était obligatoire à partir de 6 ans, donc je nous sentais assez libres de penser à autre chose. Par contre j’avais prévu de l’occuper pendant les traversées avec des Lego, de la pâte à modeler, et de quoi dessiner. J’adorais également lui raconter des histoires avant de le coucher, j’ai donc embarqué un bon nombre de livres pour enfants. À la décharge de cette maman inquiète, les deux livres d’exercices de petite et moyenne section qu’elle nous a offerts nous ont été d’un précieux secours pendant les plus longues traversées. Ils fourmillaient de petits jeux et de coloriages bien propres à relayer mon imagination parfois défaillante.

En réalité la question de l’école m’avait parue totalement déplacée. Nous nous attendions à vivre une expérience d’une richesse que jamais l’école ne pourrait égaler. Et bien sûr ce fut le cas..

Les mêmes personnes s’inquiétèrent de la socialisation de notre fils. L’école maternelle sert aussi, et peut-être surtout à cela. Socialiser les jeunes enfants. Certes, Thibault était fils unique. Il allait donc vivre un huis clos de deux années avec ses deux parents. Quelle folie ! Sauf que nous n’avions évidemment pas prévu de naviguer non-stop deux années d’affilées ! Nos escales duraient en moyenne trois mois.Trois mois aux îles du Cap-Vert, trois mois à Cuba, aux Marquises, en Patagonie, plus quelques semaines ici où là. Thibault était un ambassadeur formidable pour rencontrer du monde. Qu’il s’agisse des enfants d’autres plaisanciers ou de ceux des habitants des ports où nous faisions relâche, il n’a jamais manqué d’amis de son âge. Et surtout d’amies.

 

Un de mes plus beaux souvenirs de traversée date du 24 décembre 2000.

Nous étions au large des Antilles, terminant notre première traversée de l’Atlantique.  Les jours précédents, nous avions décoré sobrement le carré. Thibault avait dessiné et colorié un sapin de Noël. Puis il l’avait découpé et collé sur la cloison de mât, au beau milieu du bateau. Ensuite nous avons rédigé ensemble sa lettre au père Noël. Puis nous l’avons scellée dans une petite bouteille en verre. Dehors, l’alizé soufflait relativement fort, Iemanja, notre voilier, filait à bonne vitesse à travers une mer peu agitée. Le ciel bleu était parsemé de cumulus. Nous sommes sortis tous les deux dans le cockpit. Et là, magie ! Le père Noël qui dormait paisiblement sur son nuage s’est penché pour nous regarder. Thibault a très bien vu son bonnet rouge dépasser du nuage. C’était le moment idéal pour poster sa lettre. Et plouf ! Il a lancé la bouteille à la mer !

L’instant était si inoubliable que jusqu’à l’âge de sept ans révolus, Thibault retournait régulièrement les détracteurs de l’existence du Père Noël en leur expliquant qu’il l’avait personnellement rencontré en plein océan Atlantique. C’est le problème des mamans : quand on est petit, on croit tout ce qu’elles disent ! Au lendemain de cette merveilleuse rencontre, le jour de Noël, notre petit garçon a découvert le tracto-pelle de ses rêves sous son sapin de papier. Quant à ses parents, leur incroyable bonheur fut de jeter l’ancre la nuit de Noël dans la baie de Saint-Martin encore toute illuminée des lumières de la fête !

 

Quand vient le temps de l’orientation

Le temps s’écoule et au retour, Thibault s’est vu doté d’un petit frère. Les garçons sont devenus adolescents, plutôt bons élèves. La question qu’ils rencontrent aujourd’hui n’est plus celle d’être bon au pas à l’école. Elle est bien plus importante, se décline en plusieurs étapes, et force est de constater que l’école ne prépare pas à y répondre! Que vont-ils faire de leur vie ? Comment vont-ils la gagner ? Veulent-ils contribuer à ce monde et de quelle manière ?

Ces questions d’orientation ne se résolvent pas d’un coup de crayon sur une carte marine. Ni même avec un GPS. Le gouffre s’est creusé au fil des années entre la platitude d’un enseignement normalisé et le rêve que nous avons partagé avec nos enfants en les emmenant en voyage, sur l’eau comme sur terre. Les jeunes, à l’approche du bac, craignent majoritairement de prendre leur place dans un monde dont ils ne connaissent quasiment que ce que les médias leurs transmettent.

Alors, tout en rêvant à mes prochaines traversées, j’ai décidé de leur donner, de vous donner, un coup de main, en s’appuyant sur mes rêves, mon expérience de mère, et mes compétences professionnelles (je suis psychologue). J’ai ouvert un blog sur l’orientation scolaire et professionnelle des jeunes. Mon ambition est de leur donner de l’énergie, de l’espoir, de la créativité, des sources d’inspiration pour construire leurs vies. Et une méthode structurée, tirée de tout ce que vous venez de lire, entre autres sources!

Et si vous passez sur ma jeune chaîne youtube, vous y trouverez quelques images de mer.

 

Et voilà, j’espère que cet article témoignage vous aura plu. Merci à Katell. N’hésitez pas à lui laisser un commentaire en-dessous de l’article et aller voir son site Secrets d’orientation 😉

 

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