Durant l’ouverture de la session 2020 « 21 jours pour démarrer l’instruction à la maison« , je vous propose divers éléments de réflexion autour de l’instruction à domicile. Grâce aux quatre étapes précédentes, vous avez pu réfléchir sur l’école classique, définir si oui ou non déscolariser votre enfant était une bonne  solution pour lui /elle et votre famille, mais aussi faire face aux objections principales. Poursuivons notre aventure avec cette cinquième étape qui consiste à se lancer dans l’instruction en famille. Et pour ça, je vous propose 9 étapes 🙂

L’IEF en 6 étapes : étape 5 – se lancer dans l’instruction en famille (9 étapes)

ETAPE 1 : En parler

Parlez avec votre conjoint, avec d’autres parents qui ont déjà déscolarisé leurs enfants, sur des forums, dans des associations, avec des personnes de votre entourage en qui vous avez confiance, etc. Cela vous permettra de faire ressortir un maximum d’éléments pour vous aider à y voir plus clair et à gagner en assurance.

ETAPE 2 : Faites des essais

Choisissez une courte période (un après-midi, une journée pendant les vacances) et accompagnez votre enfant dans ses apprentissages. Vous pourrez commencer par faire les devoirs et un peu plus. Expliquez-lui quelque chose de simple, qui soit à votre portée (en fonction du programme que suit votre enfant pour ne pas le déstabiliser pour ce premier essai).

Ressentez la situation, sans vous fixer d’objectif, sans vous dire « à la fin de la séance, il faut qu’il ait compris ce que je lui ai dit». Faites-le de manière légère, sans enjeu. Soyez tolérant(e) et bienveillant(e) vis-à-vis de vous-même. Déterminez simplement si ça vous plaît à vous (avant de chercher à savoir si ça plaît à votre enfant).

Prenez le temps qu’il faut, faites plusieurs séances si nécessaire, et notez ce qui ne fonctionne pas, ce qui rend la chose difficile, pour voir comment orienter la prochaine fois.

Quand vous ressentirez une forte joie, vous saurez que vous pouvez commencer.

ETAPE 3 : Prenez votre décision définitive

Ce ne sont pas les opinions des autres qui doivent vous décider, mais la manière dont vous allez vivre les essais en tant que parent qui accompagne son enfant dans ses apprentissages.

Vous avez déjà pesé le pour et le contre, pris la distance nécessaire face aux critiques, obtenu certaines réponses (grâce aux chapitres précédents, grâce au programme « 21 jours pour dessiner et mettre en place son projet IEF« ). A vous de décider si vos convictions vous poussent à vous engager dans cette voie là (qui n’est pas un engagement à vie, vous n’êtes obligé(e) de rien, ni dans un sens, ni dans l’autre, vous pouvez changer d’avis, et même plusieurs fois).

Il faut que ce soit clair, car vous vous engagez vous-même, ainsi que votre enfant et toute votre famille. C’est une résolution en soi. Il ne suffit pas d’en avoir marre de l’école, il faut également prendre une décision. Vous pouvez aussi rester prudent(e) et expliquer à votre enfant que vous ferez votre possible avec lui, mais que ce sera peut-être seulement une expérience provisoire.

Décider de déscolariser son enfant c’est chercher à ce que son enfant soit heureux et se développe normalement. Un enfant qui se retrouve dans une situation de joie d’apprendre et d’équilibre personnel pourra envisager tous les parcours possibles, y compris d’excellentes études. L’inverse (un enfant qui réussit sa scolarité mais n’est pas heureux) n’est pas vrai !

ETAPE 4 : Impliquez votre enfant dans ce projet de vie

Cela se fait bien évidemment par la communication. Vous pouvez commencer par en parler une première fois avec lui, et lui dire que vous réfléchissez à la solution de le déscolariser. Expliquez-lui comment ça fonctionne et les avantages pour lui.

Plus tard, vous reviendrez sur le sujet en adaptant votre discours à lui. S’il a été négatif, demandez-lui pourquoi l’idée ne lui plaît pas. Échangez tranquillement. S’il est interrogatif, répondez à ses objections.

Quand il est prêt pour en parler (ou s’il a été positif dès le départ) annoncez-lui quand et comment cette nouvelle vie va commencer :

  • donnez-lui une date
  • dites-lui comment vous envisagez une journée « type » et échangez avec lui pour que vous élaboriez tout ça ensemble
  • impliquez-le et demandez-lui où il voudrait travailler

Créez de l’enthousiasme au travers de ce nouveau départ, de la joie, de l’effervescence même. Cela ne veut pas dire que tout va rouler sur des roulettes dès le début, mais cela va encourager votre enfant à s’impliquer dans cette vie qui lui donne envie.

ETAPE 5 : Parlez-en à votre entourage

Cette étape n’est pas forcément la plus facile, parce que vous allez sûrement vous retrouver face à des personnes qui ne vous comprennent pas, qui vont peut-être même avoir peur pour vos enfants et qui peuvent aussi vous juger. Mais préparer les proches, l’entourage, et surtout les enseignants si vos enfants sont déjà scolarisés, c’est permettre à chacun de « faire le deuil ». Même si toute la famille est enthousiaste pour ce projet, il y a quand même une transition à faire, et il ne faut pas la négliger.

Soyez confiant(e), focalisez-vous sur tout le positif, sur le bien-être de votre enfant et celui de votre famille. Concentrez-vous sur les objectifs de votre nouvelle vie. Ne cherchez pas à convaincre, vivez cette nouvelle aventure et gardez votre énergie pour ce projet de vie.

ETAPE 6 : Posez-vous les bonnes questions

Dans le programme « 21 jours pour démarrer l’instruction à la maison » nous vous aidons à définir votre projet et à le mettre en place pas à pas. J’aimerais quand même, dans cet article, vous proposer quelques pistes de réflexion pour vous aider à choisir quel type d’instruction en famille vous recherchez, quel projet de vie vous souhaitez mettre en place :

  • Du soutien ou du plein temps ?
  • Par correspondance ou en apprentissage libre ? Les cours par correspondance sont bien ficelés et c’est beaucoup plus facile pour un parent de suivre un programme précis, mais les cours coûtent entre 500 et 700€ par an pour les enfants jusqu’à 12 ans. L’apprentissage libre signifie sans programme : il n’y a pas de séparation entre la vie réelle et les apprentissages, donc pas d’anticipation, simplement de la mise à disposition d’outils pour apprendre ce qui donne envie. Et entre les deux il y a la possibilité de créer vous-même votre propre programme en fonction de vos objectifs ou en fonction des besoins et de la demande de l’enfant.
  • Quelle pédagogie ? Classique, Freynet, Montessori…
  • L’endroit où faire cours ? Un lieu particulier (une salle, un bureau, la table du salon ou de la salle à manger) ou à la demande de l’enfant (parfois par terre, parfois à table, parfois dehors…)
  • Quels horaires ? On peut fixer un programme quotidien, ou on peut se baser sur le rythme de l’enfant (certains travailleront efficacement 2h le matin et après plus rien, d’autres voudront faire plusieurs petites pauses entre chaque thème abordé, etc). Il est aussi possible ne fixer aucune horaire et de voir au jour le jour à la demande de l’enfant.
ETAPE 7 : C’est parti, il faut se lancer !

Une fois que la date annoncée est là, c’est parti. Mais avant cela, vous avez beaucoup de choses à faire pour vous préparer en famille. Soyez rassuré(e), les enfants ont une capacité d’adaptation supérieure à la notre. Alors ne projetons pas nos angoisses sur lui, et ne doutons pas.

  • Quand commencer ?
  1. Si votre enfant n’est pas encore scolarisé, commencez maintenant ! Vous avez ainsi le temps de mettre « la machine en route » de voir comment vous organiser etc. Ça se fera tout en douceur, mais commencez maintenant.
  2. Si votre enfant est scolarisé et que ça se passe assez bien à l’école où il est : voyez s’il est préférable d’attendre la fin de l’année avant de le déscolariser, ou la fin d’un trimestre
  3. Si votre enfant souffre vraiment à l’école : retirez-le dès que vous le pouvez. Ce sera peut-être un peu l’urgence pour vous, pour tout mettre en place. Peut-être même que votre enfant ratera une partie du programme. Ce n’est pas grave. Il la rattrapera, ça prendra le temps qu’il faut. Son bonheur, son identité, son bien-être sont plus importants que des notes.

Sachez que ce n’est plus l’enfant qui va se plier au programme ou à un système, mais vous et le programme (quand il y en a un) qui allez vous adapter à lui. Il ne sera plus question d’atteindre des objectifs, mais de se mettre en marche, ensemble.

  • Comment se lancer avec son enfant ?
  1. Trouvez des exercices ou des apprentissages des deux ou trois niveaux les plus proches de celui de votre enfant et demandez-lui de les faire.
  2. Une fois que vous trouvez le bon niveau, reprenez un peu avant. Il est possible que l’enfant ait différents niveaux selon les matières, ce n’est pas grave, faites des mixes. Ne pensez plus en tranche d’âge. « Il a 10 ans donc il est censé être en CM2 ». Non. Il importe de ne pas tenter à tout prix de se mettre à niveau en fonction d’une tranche d’âge mais plutôt de ne rien laisser dans l’ombre et d’avancer en écoutant les envies et le rythme de l’enfant.
  3. Démarrez en douceur en vérifiant les divers acquis tout en stimulant l’enthousiasme et le plaisir d’apprendre et de découvrir. Et ensuite, progressivement, les séances peuvent s’allonger, en fonction du rythme de chaque enfant, et surtout de quel type d’école à la maison vous souhaitez pratiquer.

Évitez au maximum l’approche scolaire. Réinventez, soyez créatifs et à la portée de votre enfant. Amusez-le, et amusez-vous. Oubliez le programme pour reprendre chaque chose le temps qu’il faut. Et si vous choisissez le unschooling, laissez votre enfant vivre simplement. Mettez à sa disposition des choses qui peuvent l’intéresser et petit à petit accompagnez le et respectez son enthousiasme, sa passion, ses envies d’apprentissages.

  • Gérer différents niveaux : Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il n’est pas plus difficile de faire l’instruction en famille à un ou plusieurs enfants. D’après les retours des parents ayant plusieurs enfants, donc plusieurs niveaux, dans la majorité des cas, c’est même plus facile. On s’habituerait, on apprendrait, on serait plus rapide, plus efficace, plus attentif au fur et à mesure. Les enfants seraient également plus autonomes et travailleraient beaucoup en collaboration entre eux.
ETAPE 8 : Préparez-vous à passer des moments plus difficiles

Au début c’est souvent comme la lune de miel, tout est parfait, et les aspects positifs prennent largement le dessus sur les ratés et les côtés négatifs. Et si vous vivez cela au début c’est génial. Mais n’ayez pas peur si vous devez faire face à des moments plus difficiles. Cela arrivera sûrement à un moment donné. Ce n’est pas une fatalité. Être au courant permet juste de s’y préparer et de ne pas culpabiliser le jour où ça arrive. Il peut y avoir plusieurs choses difficiles à gérer :

  • La fatigue : on ne gère pas bien un enfant quand on est fatigué (enfant ou parent), et c’est encore plus dur avec plusieurs enfants ! Au quotidien, mettez en place ce qu’il faut pour que chacun soit reposé, et arrêtez avant que la fatigue s’installe. Vous pouvez par exemple veiller à ce que les enfants soient couchés à une heure pas trop tardive et les laisser dormir le matin. Vous pouvez organiser des siestes si nécessaires (ou des moments libres), ne proposer l’apprentissage que le matin pour éviter la fatigue intellectuelle, ou encore organiser des sorties régulièrement pour apprendre autrement et éviter la fatigue. Écoutez-vous aussi. Il y aura des jours plus durs, adaptez l’emploi du temps en fonction, et proposez alors des activités en autonomie totale.
  • La jalousie : il s’agit d’un problème qui survient souvent quand on fait l’instruction en famille avec plusieurs enfants et plusieurs niveaux. Faites-en sortes que chacun respecte l’intimité de l’autre (et oui, le travail d’un enfant peut-être vécu comme intime), se concentre sur ce qu’il a à faire. Ne laissez jamais les enfants se comparer entre eux, et veuillez à être juste à la fois dans le temps consacré à chacun mais aussi dans la manière de communiquer.
  • Le stress : il peut faire obstacle à l’enfant mais aussi à vous. Trouvez un moyen de vous défouler et de déchargez le stress, l’énervement, les tensions… il faut impérativement se décharger pour que l’instruction en famille ne se transforme pas en disputes à répétition. Quand ça ne va pas, changez tout ! C’est l’avantage de ce mode d’instruction. Vous pouvez prendre une journée pour aller à la pêche, à la mer, en randonnée à la montagne ou au zoo… Ça remet les idées en place à tout le monde, ça fait du bien, ça permet de se rappeler pourquoi on a choisi cette vie là. Et n’oubliez pas de prendre du temps pour vous, pour des projets personnels, afin que tout ne tourne pas que autour de l’IEF (sinon, vous risquez l’implosion).
ETAPE 9 : Quand arrêter l’instruction en famille ?

Cela peut vous paraître étrange d’y penser alors même que vous cherchez à démarrer, mais c’est important d’y réfléchir pour ne pas se retrouver dans l’urgence à gérer. Quoi qu’il en soit, à moins d’un double contrôle défavorable vous intimant à la rescolarisation de votre enfant, cette réponse n’appartient qu’à vous, et à votre enfant :

  • À votre demande: Si c’est trop dur pour vous, ou que vous jugez l’instruction en famille pas assez bénéfique pour votre enfant, il n’y a aucun échec à arrêter l’expérience et à (re) scolariser votre enfant. Vous avez essayé et vous avez offert une trêve à votre famille. Même si l’expérience « instruction en famille » ne se transforme pas en style de vie, vous aurez vécu une expérience inédite et vous aurez permis à votre enfant de se construire sur de bonnes bases ce qui l’aidera forcément pour son cursus scolaire.
  • À la demande de l’enfant : Dans certains cas, il faut savoir arrêter à temps l’instruction à la maison. Soit parce que l’enfant émet le besoin de réintégrer le « système » et d’avoir une vie plus normale, soit parce que votre enfant a envie d’intégrer un programme précis qu’il ne peut pas suivre à la maison. Il ne faudra pas vous angoisser : il aura reçu l’essentiel de ce que vous aviez à lui transmettre au-travers de cette expérience. Et surtout, c’est son choix. À un certain âge, vous devez faire confiance à votre enfant pour qu’il choisisse ce qu’il pense le mieux pour lui.
  • Jusqu’au bac ? Si vous faites le choix de poursuivre jusqu’au bac, vous prendrez peu à peu de la distance, vous surveillerez à une fréquence moins élevée mais de manière plus progressive. L’enfant, peu importe son niveau, peut et doit apprendre à travailler seul, progressivement. L’autonomie est sa clé. Certaines personnes poursuivent ce type d’apprentissage même après le bac (obtenu en candidat libre). Tant que votre enfant aime apprendre et se former, si l’option instruction en famille lui convient, ne le forcez pas à intégrer un collège ou un lycée si cela vous est possible de poursuivre à la maison. Encouragez-le à tenir bon dans ses choix et accompagnez-le du mieux que vous pouvez.

Le fait de renvoyer ou d’envoyer (pour la première fois) un enfant à l’école demande une préparation qui ne se fait pas en quelques jours. C’est tout au long de la dernière année qu’il faut l’informer de ce qu’il ou elle trouvera à l’école. Cela va de l’attitude en classe, au contenu, jusqu’à son approche et sa manière de travailler. Discutez beaucoup, répondez à ses questions et ne projetez pas vos propres craintes sur lui ou elle.

Pour aller plus loin, faites moi confiance et je vous aiderai à dessiner les contours de votre projet (qui ne ressemblera qu’à vous), à sélectionner les outils dont vous aurez besoin ; je vous guiderai dans les étapes précises en terme de formalités, d’organisation et d’apprentissages et je vous aiderai à mettre en place le cadre qui vous convient (vos routines, vos outils, votre réussite). Pour cela, cliquez ici et c’est partir pour 1 défi par jour pendant trois semaines !

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