Lorsque l’on parle des apprentissages autonomes, tout le monde a un peu sa propre définition du sujet. Si on s’arrête sur les deux mots séparément, nous avons « apprentissages » qui est le fait d’apprendre, et « autonomes » qui inclut le fait de ne dépendre de personne. Donc les apprentissages autonomes regrouperaient tout ce qui permet à l’enfant d’apprendre sans dépendre de l’adulte. Tout un programme, n’est-ce pas ? Sandrine et Christophe du blog apprendre-par-le-jeu.com ont réuni plusieurs avis de personnes sur ce sujet. Ils ont écrit un article résumé sur leur site avec un e-book à télécharge ici. Comme c’est un thème qui me tient à cœur, j’aimerais simplement partager avec vous nos 5 règles d’or des apprentissages autonomes à Stéphane et moi-même, ou autrement dit, ce qu’on applique au quotidien avec Djanaé.

1. Sache que tu ne sais pas !

Dans les 4 étapes de l’apprentissage, la deuxième étape est le fait d’être conscient-incompétent : « je sais que je ne sais pas ». Cette phrase résume à elle toute seule l’humilité que cela demande pour l’adulte d’accompagner des enfants dans les apprentissages autonomes. Pourquoi ? Parce qu’on a cette fausse croyance qui est, qu’en tant qu’adulte, je sais mieux que l’enfant. Je sais mieux ce qui est bon pour lui, je sais mieux ce qu’il faut faire, je sais mieux comment il faut le faire, etc.

Je pense qu’il ne se passe pas une journée sans que je me fasse la réflexion que j’ai essayé d’orienter Djanaé d’une façon ou d’une autre parce que je suis persuadée au fond de moi que j’ai raison. Or, je n’ai pas raison. Je n’ai pas forcément tord non plus. Mais les apprentissages autonomes impliquent d’accepter que je ne suis pas au-dessus de l’enfant, à lui déverser mon savoir, mais qu’on est sur des plans parallèles. Je peux l’aider à certains moments, mais je dois aussi accepter de me taire parfois, de ne rien dire, de ne pas essayer de le convaincre, de le laisser tester et faire ses erreurs…

Cette première règle d’or me revient souvent en tête, parce que même si j’ai plus d’expériences, et aussi plus de connaissances dans certains domaines, cela ne veut pas dire que je sais. À partir du moment où je me dis « je sais », c’est que je ne suis plus enseignable, donc que je me place en position de supériorité

2. Ton enfant tu connaîtras !

Il est impossible de mettre en pratique les apprentissages autonomes si l’on ne connaît pas l’enfant. Tout simplement parce que chaque enfant est différent, donc a des besoin différents, des aspirations et des envies différentes, mais aussi des phases et des cycles qui lui sont propres. Par exemple, pendant des mois, Djanaé adorait calculer et faire des exercices de logique, et écrire était une véritable torture. Chaque fois que je lui proposais une activité en lien avec l’écriture, elle la refusait, et s’orientait d’elle-même vers tout ce qui était mathématiques. Et puis, au bout d’un moment, elle a changé de cycle. Depuis quelques semaines, Djanaé n’aime plus du tout calculer, ni résoudre des problèmes (alors qu’on lui a acheté un cahier exprès parce qu’elle aimait trop cela il y a quelques temps), mais tous les jours, elle me demande des dictées de mots, elle écrit des histoires, ainsi qu’un journal secret…

Les apprentissages autonomes impliquent donc de passer du temps avec l’enfant, de jouer avec lui, de faire des activités où l’on est 100% disponible pour lui, de créer un lien de confiance, de nouer une véritable relation. Il n’y a que comme cela que l’on peut savoir ce qu’il ou elle aime, ce qu’il rejette et pourquoi, ce qui le fait rêver, ce qui l’intéresse de près ou de loin, ce qui lui pose problème, etcTout ce que tu sais, tu oublieras

3. Plein de jeux et activités tu proposeras !

Il n’y a pas de secret. Si l’on souhaite accompagner son enfant dans les apprentissages autonomes, cela implique de continuellement proposer des activités, des jeux, des thématiques, pour qu’il puisse sélectionner ce qui lui plaît. Les apprentissages autonomes ne sont pas une « excuse » pour laisser l’enfant dans son coin. S’il n’est pas éveillé, surtout au début, l’enfant peut très vite se trouver limité.

Concrètement ? Qu’est-ce que cela veut dire ?

  • Proposer des lectures variées (à lire avec l’enfant, ou lui tout seul) : des BD, des romans historiques, des romans d’aventure, de la fantasy, des classiques de la littérature, du théâtre, de la poésie, des encyclopédie, des magazines, des documentaires…
  • Proposer des sorties nature : déjà, la nature est vitale pour tous les êtres humains, mais elle est aussi une incroyable ressource pour les apprentissages. Le nombre de sujets que l’on a abordé en balade ou en randonnée avec Djanaé, c’est impressionnant. La curiosité de l’enfant s’éveille naturellement quand il est dehors, et les sujets sont infinis.
  • Trouver des activités culturelles : je radote peut-être mais il existe des musées gratuits et des expositions gratuites, des événements culturels où les entrées sont réduites. Il y a aussi beaucoup d’endroits où les – de 18 ans ne payent pas. Enfin, on peut aussi utiliser les événements marquants pour proposer des découvertes culturelles avec nos propres recherches. Par exemple, Djanaé a entendu parler du Titanic, on a trouvé des photos du paquebot sur Internet. Lorsque Notre Dame de Paris a brûlé, on a reparlé des Misérables, de Victor Hugo et de Quasimodo.
  • Jouer : là encore, ce n’est pas nouveau, le jeu est l’un des meilleurs moyens d’apprendre. Ne vous lassez jamais de jouer avec vos enfants. C’est peut-être moins drôle lorsqu’ils sont tout petits, qu’ils passent vite d’une activité à l’autre, qu’il faut adapter les règles, etc. Mais si on prend ce temps avec eux petits, quand ils grandissent, c’est un régal. Les jeux de société, de stratégie, de mémoire, de vitesse, tout est un prétexte pour s’amuser… et apprendre par la même occasion.
  • Des activités manuelles : on apprend plein de choses en bricolant, en montant des projets et en les réalisant, en apprenant de nouvelles techniques, en laissant libre cours à sa créativité et à son imagination…
  • Des rencontres : avec d’autres, on découvre d’autres façons de faire, on échange, on s’ouvre à autre chose, donc on se pose de nouvelles questions, et on apprend, tout simplement.
  • Discuter : beaucoup de découvertes, de prises de conscience, d’idées, émergent des discussions. C’est vrai pour nous en tant qu’adultes et ça l’est tout autant pour les enfants. Djanaé peut aborder n’importe quel sujet avec nous, et ce depuis qu’elle sait parler. Un sujet en entraînant un autre, on a parfois des échanges très riches qui lui permettent de s’éveiller à de nouvelles choses, et nous de grandir en même temps qu’elle. Les enfants doivent avoir des fenêtres où ils peuvent nous parler, poser leurs questions, où l’on peut discuter véritablement dans le respect.

4. Ta confiance tu donneras : tu ne forceras pas !

S’aventurer dans les apprentissages autonomes, c’est accepter que l’enfant n’ait pas envie de faire quelque chose qu’on lui propose. Et c’est très délicat lorsqu’il s’agit d’un apprentissage qu’il doit avoir acquis à un âge précis selon l’inspecteur académique. Hé oui, parce que si on souhaite aller à fond dans les apprentissages autonomes, cela implique de faire confiance à l’enfant sur le fait qu’il sera prêt, à un moment donné, et de ne pas le forcer ni l’influencer. On prend souvent l’exemple de l’apprentissage de la lecture ou de l’écriture. Certains enfants, laissés libres d’apprendre, ont su lire à 12 ou 13 ans. Avant cela, ils ont appris plein d’autres choses, mais pas la lecture. Ils ont appris à lire lorsqu’ils en ont vraiment eu envie et besoin.

C’est dans ce genre de situation que les divergences sur les apprentissages autonomes apparaissent souvent. Parce que si, dans la théorie, on a envie de laisser l’enfant libre, il y a quand même une pression énorme due à cette attente du « résultat ». Tout le monde s’en fiche, quand on a 30 ans, de savoir si on a lu à 7 ans ou à 12 ans. Et pourtant, il y a cette attente, année après année. Et en France, il y a cette épée de Damoclès sur nos têtes de parents « au regard du socle commun ». Alors certains arrivent à dépasser cette pression et à donner toute leur confiance à l’enfant, et d’autres essaient quand même d’orienter l’enfant, vers « ce qui est attendu ». Et n’y voyez aucun jugement, nous faisons clairement partie du deuxième groupe. De plus en plus, je propose à Djanaé des activités qui ne lui plaisent pas, et je le sais pertinemment, parce que j’aimerais qu’elle débloque certains acquis au regard de ce socle commun, histoire qu’on nous fiche la paix.

Cela n’enlève en rien cette règle qui pour nous est très importante et que l’on essaie d’appliquer au maximum. Mais on est humains, et parfois, on échoue. Pour autant, elle résonne régulièrement dans nos têtes et dans nos discussions pour qu’on se réaligne avec ce qui nous semble juste. Agir par conviction et non par crainte. Tout un programme 🙂

5. Des erreurs tu feras, et tu te pardonneras !

C’est exactement ce que je disais à la fin du paragraphe précédent. On reste humains. Et peu importe nos idéaux, nos objectifs, nos rêves, il y a toujours des loupés, des ratés, des recommencements… C’est ça, la vie, la vraie !

Le plus beau dans tout cela ? C’est qu’on apprend encore. Et les enfants ne nous en veulent pas, vous savez. Ils apprennent que les adultes aussi sont faillibles, que parfois entre la théorie et la réalité, il y a des ajustements à faire, que parfois les désillusions doivent tomber, et que le plus important, c’est de savoir ce qu’on veut, où on va, et de se relever pour y parvenir, ensemble !

Les erreurs font partie du parcours, elles ne doivent pas nous faire peur, ni même nous démotiver. Il faut savoir rester humble (encore) pour les reconnaître, demander pardon quand il y a besoin, et refaire autrement. Mieux. C’est comme cela qu’on devient une meilleure version de soi-même.

Notre plus belle récompense, c’est de voir Djanaé épanouie, et de se sentir bien avec tout cela. Et quand en plus, on s’entend dire en résumé à la fin du contrôle pédagogique « surtout, ne changez rien, c’est parfait », alors qu’on avait dit au début de l’entretien que Djanaé « travaillait » quand elle en avait envie, qu’elle pouvait parfois rester 4 ou 5 semaines sans ouvrir un cahier « formel »… on se dit qu’il y a des gens ouverts aux apprentissages autonomes même à l’éducation nationale 😀

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