Je suis actuellement en train de lire « Une éducation sans école » de Thierry Pardo. Et dans ce livre, il parle de David Sobel, un éducateur et universitaire américain qui a passé la majeur partie de sa vie (il est encore vivant mais a plus de 70 ans) à observer et développer des idées autour de l’enfance, de la nature et du jeu. Il est à l’origine de la philosophie de la « placed-base education » que l’on pourrait traduire par « l’éducation adaptée au milieu ».  Aujourd’hui, j’aimerais revenir sur un élément que j’ai particulièrement apprécié, c’est le fait qu’il a mis en évidence 7 types de jeux des enfants, la majorité dans la nature. Selon lui, peu importe le contexte économique, sociologique ou culturel, à partir du moment où un enfant peut jouer librement, alors il adoptera l’un de ces 7 types de jeux.

7 types de jeux – n°1 : L’aventure

D’après Sobel, « L’éducation relative à l’environnement doit être kinesthésique, dans le corps. Les enfants devraient traquer, se balancer, sauter et galoper dans le monde naturel. Les activités avec un défi physique interpellent directement les enfants via le lien esprit/corps. » Il aurait également rajouté : « Marcher, c’est pour les adultes. L’aventure, c’est pour les enfants. »

J’ai cherché la définition d’aventure. C’est un événement imprévu, extraordinaire, surprenant. Donc tout ce qui sort du quotidien, de la routine, de ce que l’enfant maîtrise et connaît, peut être une aventure.

IDÉES : Proposez des aventures aux enfants sous forme de jeux, de chasses au trésor, de quêtes, de défis physiques (escalader tel sommet, réaliser une randonnée avec un challenge…), dormir la nuit à la belle étoile… L’aventure peut aussi être dans l’organisation d’un voyage, d’une visite culturelle spéciale ou une façon totalement inédite de proposer un exercice ou une leçon. Pour cela, vous aurez besoin d’imagination, et c’est justement l’un des 7 types de jeux.

 

7 types de jeux – n°2 : Fantaisie et imaginaire

Les enfants ont une imagination débordante. Celle-ci est cultivée par les histoires, les contes, les jeux de rôles, les saynètes, le théâtre, les spectacles de marionnettes, les rêveries et les rêves. Les enfants ont besoin de jeux dans lesquels ils peuvent simuler, imiter, exagérer, inventer, inverser les rôles… Des histoires dans lesquelles les enfants peuvent vivre des défis plutôt que de les étudier.

IDÉES : Boostez l’imagination des enfants et nourrissez leur fantaisie en leur lisant des histoires (romans, contes, livres illustrés), en proposant des jeux de rôles dont ils inventent les histoires (que ce soit pour une pièce de théâtre, un jeu avec des poupées ou des playmobiles, un spectacle de marionnettes…). Je vous en ai également souvent parlé sur le blog : la mémoire fonctionne énormément grâce aux histoires. Plus elles sont loufoques et marquantes, plus le cerveau en est friand. C’est pourquoi, faites preuve d’imagination pour proposer des méthodes mnémotechniques pour apprendre des règles ou des leçons.

 

7 types de jeux – n°3 : Les animaux-alliés

Les sciences font appel au développement des êtres vivants. La première façon de comprendre le vivant, c’est de l’observer. Avant de demander aux enfants d’étudier le vivant, et principalement les animaux, avant de leur demander de les sauver, d’en prendre soin, il faut les comprendre. Pour les comprendre, il faut que l’enfant puisse interagir avec eux et réaliser qu’il fait partie du même monde, que lui aussi a les mêmes besoins : se nourrir, se protéger, avoir du lien social, se reproduire, etc.

IDÉES : observer les insectes dans un champ, fabriquer un hôtel à insectes, regarder les papillons, trouver un étang ou une rivière pour chercher des têtards et des grenouilles, s’occuper d’un petit animal (rongeur, chat, chien…), observer les oiseaux avec des jumelles et apprendre à reconnaître leurs chants, regarder des documentaires sur les animaux…

 

7 types de jeux – n°4 : Les cartes et sentiers

L’enfant est un explorateur. Il a besoin de fouiller, d’aller au-delà de ce qui est défini, délimité. Il a besoin de se repérer, de trouver des raccourcis, de chercher des lieux cachés, enfouis, secrets, souvent inaccessibles si on suit simplement le chemin tracé. Les enfants aiment les cartes, les chasses au trésor, les parcours d’orientation. C’est une façon de se repérer localement, de se situer, mais aussi de s’approprier ce qui est plus loin et qu’il ne voit pas, mais qu’il peut potentiellement atteindre. Enfin, en apprenant à utiliser des cartes, l’enfant se lie à son environnement et développe sa conscience régionale, biologique, et environnementale. Ce type de jeu rejoint l’intelligence visuelle-spatiale d’Howard Gardner.

IDÉES : organisez une course d’orientation sans carte mais où l’enfant doit trouver des repères (accrochés aux arbres par exemple, ou des signaux peints) ; une autre où il doit se déplacer avec sa boussole ; donnez une carte de la ville et demandez à l’enfant de suivre un itinéraire pour se rendre à la bibliothèque, ou dans un musée, par exemple ; arrêtez-vous dans une rue et demandez à l’enfant de se repérer sur la carte (savoir où il est précisément) et lui demander d’aller à un autre endroit (la poste, le cinéma, le parc…) avec cette carte ; enfin, vous avez évidemment l’option chasse au trésor avec une carte représentant la maison ou le jardin et des indices pour trouver le trésor.

 

7 types de jeux – n°5 : Les lieux spéciaux

Quand j’étais petite, avec mes frères et sœurs, nous avions fabriqué un fort derrière notre maison. Avec sa tour pour observer les ennemis imaginaires. Qui ne se souvient pas de cabanes perchées, de tipis dans la forêt, d’énormes creux dans les racines d’un arbre géant, d’une grotte dissimulée ou d’une cachette secrète derrière les feuilles d’un saule pleureur ? Les enfants aiment trouver ou se créer des lieux spéciaux où ils peuvent se cacher ou se ressourcer, réinventer le monde ou rêvasser… des lieux interdits aux adultes.

C’est principalement le cas dans la tranche d’âge entre 8 et 11 ans. En effet, en plus des 7 types de jeux des enfants, Sobel a mis en évidence trois tranches d’âges : la petite enfance (4-7 ans) où le centre de la vie de l’enfant est sa maison ; les années élémentaires (8-11 ans) où la vision du monde s’élargit et où l’intérêt n’est plus la maison mais ce qu’il y a à explorer tout autour, plus loin ; le début de l’adolescence (12 à 15 ans) où la carte du monde de l’enfant s’élargit encore, avec les différenciations entre forêt et ville, et où les endroits spéciaux deviennent des lieux de rencontre : parcs, centres commerciaux, restaurants…

IDÉES : il y a des lieux spéciaux que l’enfant peut trouver (des endroits naturels) et prendre en photo pour se souvenir ; et puis il y a les lieux spéciaux que l’enfant peut fabriquer. C’est l’occasion d’utiliser l’espace, d’inventer quelque chose (dans sa tête) et de concrétiser son idée avec le matériel qu’il a à disposition. Plus l’enfant est grand et plus vous pouvez lui confier des outils dits « dangereux » pour qu’il cloue, visse ou scie. En plus du lieu spécial, l’enfant est inventeur et créateur. Il peut se tromper mais trouver des solutions. Il peut manipuler, recommencer, finaliser, décorer, investir le lieu et découvrir la satisfaction du bâtisseur 🙂

 

7 types de jeux – n°6 : les petits mondes

Les enfants aiment créer des mondes miniatures dans lesquels ils peuvent jouer et dont ils maîtrisent tout : les petites voitures et leurs circuits, les trains miniatures, les maisons de poupées, les carrés de sable pour les plus jeunes, les mondes des playmobiles et autres petits personnages… Ces petits mondes sont une façon pour l’enfant de se représenter le monde extérieur qui lui est immense, ce qui l’aide à avoir une vue d’ensemble mais aussi à s’approprier les relations entre les écosystèmes et enfin à mieux saisir les idées abstraites.

IDÉES : en plus des jeux que l’enfant a chez lui (playmobiles, poupées, voitures…), n’hésitez pas à l’aider à créer des petits mondes dehors : des nids pour les petits animaux, des maisonnettes minuscules dans les racines d’un arbre, des décors féériques pour ses personnages (en plastique ou imaginaires…). Vous pouvez aussi proposer les petits mondes dans des boites à chaussure avec des décors à créer, découper, coller, assembler, et soit des scènes imaginaires, soit des représentations de souvenirs marquants de l’enfant (ce qu’il a vu, ce qu’il a fait).

 

7 types de jeux – n°7 : Chasser et cueillir

Génétiquement, nous sommes encore des chasseurs / cueilleurs.

  • Les enfants aiment les jeux de chasse : vous savez, les jeux où un loup chasse des proies (touche, touche / loup glacé / le policier et les voleurs…). Ils aiment aussi les chasse au trésor, avec des énigmes à résoudre, des indices à trouver partout, et au bout, une récompense.
  • Les enfants continuent aussi de cueillir : autant les fruits rouges, châtaignes, noisettes ou champignons qu’ils peuvent collecter dans la forêt (il n’y a rien de plus chouette que de manger ce qu’on a soi même trouvé, comme un trésor), mais aussi tout ce qu’ils aiment collecter et collectionner : les jolis cailloux, les fleurs, les plantes (pour faire un herbier), les coquillages. Et plus tard : les pièces de monnaie, les timbres, les cartes postales…

Je lisais qu’il était dommage que les compétences qui ont servi à nos ancêtres (et servent encore à une bonne partie des êtres vivants aujourd’hui ailleurs sur la planète) d’être de bons chasseurs et cueilleurs sont vues comme des « problèmes » aujourd’hui : l’endurance, la force, avoir beaucoup d’énergie.

IDÉES : proposez des jeux comme le ballon prisonnier, le loup, les jeux de cache cache, les courses (avec ou sans parcours), colin maillard… Proposez aussi des jeux de chasse au trésor dans la nature avec des éléments à prendre en photo ou à cueillir et ramener. Avec les éléments cueillis, faites des mandalas, des défis créatifs, des herbiers, des châteaux de sable décorés, des défis maths (comme réaliser une figure en symétrie, ou faire des calculs avec les différents éléments), etc.

 

Ce que je trouvais intéressant avec ces 7 types de jeux, c’est qu’ils sont presque tous possibles dans la nature, sans équipement particulier. Il y a donc très peu de discrimination en fonction des moyens des parents (et/ou des enseignants). Le plus important, c’est l’environnement naturel. À l’heure où j’écris cet article, nous sommes en plein confinement (du au covid 19), donc beaucoup d’enfants sont privés de nature. Mais je pense que certains des éléments abordés ici sont réalisables à l’intérieur et peuvent vous donner quelques pistes supplémentaires d’occupation. N’hésitez pas à partager votre avis sur cet article, ainsi que vos idées dans les commentaires.

 

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